En réponse (gentille) au dernier billet de Kasimir, j'ai eu envie de recopier une vieillerie un tantinet anti conformiste, que j'avais écrite dans les années 80, en réaction aux contes pour enfants qui se terminaient la plupart du temps par la formule consacrée "ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants".
Conte
Il était une dernière fois,
Une très jolie jeune fille et un jeune homme assez quelconque
qui avaient des comptes à régler avec
Messieurs Pérault, Grimm et autres conteurs d'autrefois.
Un beau matin, ils furent poussés par une force intérieure,
Appelons-la "la Fée Discernement", et décidèrent
de brûler leurs livres d'enfants, juste avant de brûler les étapes.
C'est alors qu'une foule d'interdits, de tabous, de barrières
s'élevèrent et les firent trembler un peu.
Logique, quoi !
Ce ne fut pas dans un palais somptueux qu'ils transportèrent
leurs amours,
mais dans l'appartement d'un copain accueillant.
Et là, ils s'aimèrent mieux que dans les livres.
Alors, ils décidèrent de casser toutes les baguettes magiques
qu'ils rencontreraient désormais
pour en faire des pièges à morale,
parce que quand même, ils avaient une bonne dose d'imagination !
Ensuite, ils se promirent de se revoir souvent
pour s'aimer davantage.
Oh bien sûr, lui ne devint jamais un beau et riche jeune homme
Et elle ne devint jamais princesse.
Bon, tant pis !
Mais qui sait ce que leur réserve l'avenir ?
Les fées le savent sûrement, me direz-vous.
En fait, ils vivèrent heureux et reprirent en choeur
"La Non-Demande en Mariage", chantée par un célèbre conteur d'aujourd'hui.
Je suis sûre que vos enfants seraient quand même émerveillés
et s'endormiraient bien sagement en écoutant mon histoire.
Mais, chut ! Ils l'ont déjà lue en cachette...
Petit-Couronne, avril 1982
A l'époque, je noircissais des tas de feuillets et je rêvais de devenir poète !
En recopiant ce texte, je viens tout de même de prendre un vrai plaisir à retrouver ses sensations d'autrefois, car je me souviens très bien du jour où j'ai écrit ce "conte".
A bientôt,
Et pour rendre à César ce qui appartient au merveilleux poète Georges Brassens, faites-vous le plaisir de le réécouter dans son chef-d'oeuvre, La Non-Demande en Mariage, dont voici l'excellent texte :
Ma mie, de grâce, ne mettons
Pas sous la gorge à Cupidon
Sa propre flèche
Tant d'amoureux l'ont essayé
Qui, de leur bonheur, ont payé
Ce sacrilège...
J'ai l'honneur de
Ne pas te de-
mander ta main
Ne gravons pas
Nos noms au bas
D'un parchemin
Laissons le champs libre à l'oiseau
Nous seront tous les deux priso-
nniers sur parole
Au diable les maîtresses queux
Qui attachent les cœurs aux queues
Des casseroles!
J'ai l'honneur de
Ne pas te de-
mander ta main
Ne gravons pas
Nos noms au bas
D'un parchemin
Vénus se fait vieille souvent
Elle perd son latin devant
La lèchefrite
A aucun prix, moi je ne veux
Effeuiller dans le pot-au-feu
La marguerite
J'ai l'honneur de
Ne pas te de-
mander ta main
Ne gravons pas
Nos noms au bas
D'un parchemin
On leur ôte bien des attraits
En dévoilant trop les secrets
De Mélusine
L'encre des billets doux pâlit
Vite entre les feuillets des li-
vres de cuisine.
J'ai l'honneur de
Ne pas te de-
mander ta main
Ne gravons pas
Nos noms au bas
D'un parchemin
Il peut sembler de tout repos
De mettre à l'ombre, au fond d'un pot
De confiture
La jolie pomme défendue
Mais elle est cuite, elle a perdu
Son goût "nature"
J'ai l'honneur de
Ne pas te de-
mander ta main
Ne gravons pas
Nos noms au bas
D'un parchemin
De servante n'ai pas besoin
Et du ménage et de ses soins
Je te dispense
Qu'en éternelle fiancée
A la dame de mes pensées
Toujours je pense