31 mars 2014
Ce 5ème volet relate notre visite à Lawspet pour retrouver notre ancienne filleule Bhuvana et son amie Kovaisarala.
5/8 Dans notre programme très serré à APRES SCHOOL, nous voulions absolument inclure une visite à Lawspet, quartier dans la banlieue de Pondichéry situé entre la forêt et l'aéroport qui n'est pas exploité, d'où venaient notre première filleule Bhuvana que nous avons parrainée durant près de trois ans et sa copine Kovaisarala.
Le tout dernier contact que nous avions eu avec Bhuvana alors qu'elle était encore scolarisée à APRES SCHOOL se fit grâce à une liaison sur Skype, peu de temps après la seconde visite que nous lui avions rendue il y a trois ans : ici
A l'époque, nous nous étions dit que lors d'une prochaine visite, nous irions voir l'endroit où sa famille vivait et où elle retournait pour chaque vacances scolaires.
Il y a quelques mois encore cette zone de Lawspet était le lieu de la décharge publique de Pondichéry où étaient déversées quotidiennement des tonnes d'ordures produites par la ville de Pondichéry et son hôpital.
Les ordures y brûlaient toute la journée, l'odeur pestilentielle et la pollution bien imaginable étaient le lot des habitants du bidonville tout proche.
Nous nous sommes donc rendus sur les lieux, Martine Mallard, JM et moi, accompagnés par deux Indiens employés d'APRES SCHOOL, Peter et Mani.
Il nous ont été précieux pour pouvoir parlementer avec les habitants et une fois sur place, ils nous ont devancés pour les mettre en confiance (l'un d'eux était bien connu du village en tant que membre de l'équipe d'APRES SCHOOL et pouvait donc efficacement nous servir d'intermédiaire) et expliquer que nous venions prendre des nouvelles de Kovaisarala et Bhuvana.
Pendant ce temps-là, nous avons circulé sur la zone pour mieux nous rendre compte de l'environnement.
En fait, à présent et depuis peu de temps, Lawspet ne reçoit plus toutes ces ordures (elles sont déchargées ailleurs) et le site est exploité par une entreprise de recyclage qui commercialise du compost.
Nous avons visité la zone et avons pu le constater.
C'est bien, le site est assaini, mais du coup, ce sont des "ressources" que les habitants n'ont plus (la revente de toutes sortes de trouvailles dénichées parmi les détritus de la décharge).
Puis après cette visite, peu à peu, on nous laisse entrer dans le village "bidonville" pendant que Peter et Mani continuent leurs recherches auprès des habitants en tentant d'apprendre si nos deux ex petites protégées y vivent toujours et dans quelles conditions.
Nous ne nous aventurons pas très loin pour ne pas nous rendre les villageois hostiles, et je prends quelques photos, puisqu'ils ne sont pas contre, ceci dans l'objectif de vous rendre compte à vous tous et en particulier à l'ex marraine de Kovaisarala qui, je le sais, les attend avec impatience et grand intérêt.
C'est d'ailleurs elle à qui j'ai envoyé mon tout premier mail à notre retour à Paris.
La plupart des habitations sont faites de bric et de broc. Je n'ai vu aucune construction en dur, mais nous n'avons pas parcouru tout le village.
La maison des parents de Bhuvana :
Rappelons qu'il s'agit d'une communauté tribale semi-nomade, les Narikurovars, des chasseurs à l'origine.
La vedette du 8ème volet est JM, ici.
Le 7ème volet rend hommage à Karine, éducatrice depuis trois ans à l'école, ici.
Le 6ème volet de notre témoignage après notre 3ème visite à APRES SCHOOL en mars 2014 porte sur la séance de collage que j'ai animée avec Mani, ici.
Le 4ème concerne les séances de lecture dans les classes, ici.
Le 3ème montre une séance multicolore de pose de vernis à ongles, ici.
Le 2ème est festif autour de l'anniversaire de Devayni, ici.
Le premier est un petit panorama de nos impressions générales, ici.
Au bout d'un moment, nous sortons du village.
Peter et Mani reviennent vers nous et nous informent que Bhuvana et Kovaisarala vivent toujours chez leurs parents et que nous venons à peine de les croiser alors qu'ils se rendaient tous ensemble dans un camion avec d'autres enfants et adultes vers une ville voisine !
Une fête s'y déroule et ils vont y vendre des babioles en plastique.
En effet, nous avions bien vu ce camion sortant du village alors même que y arrivions...
Devant notre déception et notre ferme intention de ne pas capituler, quelqu'un nous indique le numéro de portable de Kovaisarala.
Peter l'appelle et l'obtient à la troisième tentative.
Sans parler de nous, il lui demande où elle se trouve et il apprend qu'elle est sur le site du temple de Nonankuppam avec Bhuvana.
Nous repartons aussitôt pour tenter de les y retrouver.
Arrivés sur place, nous constatons en effet qu'il règne une activité festive.
Martine Mallard repère aussitôt des personnes qui la reconnaissent et la saluent.
Des conversations s'engagent, on nous montre fièrement des enfants.
Puis Martine repère la soeur et les parents de Kovaisarala.
Elle nous les présente. La traduction est faite en tamil et le contact est noué.
Je leur explique que JM et moi sommes les anciens "sponsors" de Bhuvana et que je connais les anciens sponsors de leur fille Kovaisarala, que nous sommes en visite à APRES SCHOOL et que nous souhaitions revoir les deux fillettes.
Le père est peu réceptif car complètement shooté ou alcoolisé. En revanche sa mère est tout sourire.
Ils profitent de notre présence pour nous proposer d'acheter des colliers fabriqués par leur communauté (petites perles de verre montées sur du cuivre).
Cela tombre très bien car je voulais justement en rapporter en France pour les revendre 5€ pièce au profit intégral d'APRES SCHOOL.
Nous voici donc engagés dans des palabres pendant que la soeur de Kovaisarala part vers le temple de la ville où Bhuvana et Kovaisarala seraient en train de vendre leurs babioles.
Au bout d'un quart d'heure, toujours amies, arrivent Bhuvana et Kovaisarala.
Elles ne s'attendaient certainement pas à nous trouver là et ce fut un grand moment d'émotion que ces retrouvailles !
Elles nous sont spontanément tombées dans les bras et j'ai senti beaucoup de joie dans leurs coeurs.
J'ai remis à Bhuvana des photos que Karine souhaitaient qu'elles lui soient remises en souvenir de son passage à APRES SCHOOL.
Peter le lui a expliqué.
Martine s'est également entrenue avec elles.
Elles sont devenues de jolies jeunes filles qui comprennent à peu près l'anglais (surtout Kovaisarala).
Elles nous ont semblé en bonne santé et plutôt matures.
J'ai aimé qu'elles soient toujours amies.
Certes elles ne vont plus à l'école, mais en étant vendeuses des rues elles n'ont pas les contraintes liées à des rythmes scolaires. Elles goûtent à une forme de liberté.
Elles auraient la possibilité d'aller dormir la nuit dans l'institution religieuse qui a démarché leurs parents pour les soustraire à APRES SCHOOL (cette institution ne leur fournirait rien d'autre que l'hébergement ).
Nous n'avons pas pu vérifier ce fait.
Je leur ai expliqué que nous étions en ce moment à leur ancienne école et que nous souhaitions absolument les revoir, que certes nous n'étions plus leurs sponsors mais que nous pensions toujours à elles même si elles ne sont plus à l'école.
Elles en étaient quelque peu étonnées, mais radieuses et reconnaissantes.
Je leur ai dit que nous trouvions qu'elles étaient devenues de jolies jeunes filles, bien coiffées, bien habillées et que nous espérions qu'elles sont heureuses, que le temps qu'elles ont passé à l'école leur est utile pour leur vie.
Puis, je leur ai demandé si elles étaient mariées. Elles m'ont répondu avec un air presque horrifié que non.
Je leur ai dit de tout faire pour ne pas accepter d'être mariée trop tôt, qu'elles devaient encore grandir et beaucoup apprendre.
Je pense que leur communauté a été assez impressionnée de constater que des étrangers, avec persévérance et sans hostilité, ont tout fait pour prendre des nouvelles de leurs enfants.
Peut-être avons-nous pu un tout petit peu remuer une parcelle de leurs consciences, même si nous devons tout à fait accepter leurs choix.
Etre parrain et marraine, c'est toujours garder en tête que nous tentons d'adoucir le sort de ces enfants pendant la période qu'ils passent à l'école.
Cette période peut être plus ou moins longue, mais elle sera toujours bénéfique à l'enfant.
Pour notre part, JM et moi n'oublierons jamais Bhuvana.
A bientôt pour d'autres partages autour d'APRES SCHOOL.
eMmA MessanA
Apres school près de Pondichery dans le Tamil Nadu (Inde)