19 Mars 2015
Cet ancien article, je veux aujourd'hui le remettre en avant.
J'y ajoute juste une plume de papier tout juste découpée.
Ne vous fiez pas à son apparente légèreté et à sa noirceur, elle est chargée d'espoirs...
Je retournerai au Bardo, revoir ses magnifiques et incomparbles mosaïques.
eMmA MessanA
Cette photo, pourrait être prise en Grèce, en Corse, en Sardaigne...
Ici, ailleurs...
Elle aurait pu être prise à Sidi Bou Saïd, à La Marsa, à Djerba, à Sousse ou à Béja.
Elle fut prise à Hammamet, alors que nous étions partis sur la trace aux souvenirs, dans ce beau pays de mon premier cri...
*Habibi = mon amour, chéri(e)
En attendant qu'aujourd'hui, un nouveau collage sur le sujet voit le jour (le 200ème* qui portera sur l'Arbre généalogique ou pas), en voici un qui, hier, s'en inspirait et que vous connaissez déjà.
Villasimius (Sardaigne), juin 2009 - N°85 Le Trésor du Bédouin
Collage sur papier dessin 24 X 32cm
Fragments de papiers provenant de magazines
Ce collage N°85, pièce unique, n'est pas disponible
(la signature rose en filigrane n'apparaît pas sur le collage d'origine)
Je reproduis aussi ces lignes écrites il y a plus longtemps. Toujours ce questionnement fondateur, qu'est-ce qui forge une identité ?
Una storia
Je voudrais bien me reposer sur des souvenirs de famille,
Sous le feuillage ombragé de mon arbre généalogique,
Mais il lui manque tant de branches et tant de feuilles
Que c’est comme si les quelques lettres de mon patronyme
Aux consonances germaniques incongrues
S’effaçaient pour peu à peu se réduire en poussière.
La terre de mes ancêtres,
Ce ne sont que trois petites îles
Perdues entre la Tyrrhénienne et la Méditerranée,
Eblouissantes de soleil et d’orgueil,
Là où les femmes sont brunes et portent au cou
Des petites croix d’or en priant la Madone à genoux,
Là où les hommes tout-puissants n’ont guère la taille haute.
Peuple d’aventuriers cherchant d’autres limites en des horizons plus lointains,
Un jour, ils sont partis
Entre azur et océan, jusqu’au Cap Bon,
Poussés par la faim et un fol idéal
Conduisant à la terre mystique des contes arabes.
La passion cognait dans leurs cœurs généreux et pleins d’espoir.
Le fier courage gonflait le torse des hommes,
Et la bienveillance de leurs femmes leur tenait lieu d’espoir
Pour offrir un avenir empli de promesses à leurs nombreux enfants.
La simplicité vraie était leur seule richesse et toute leur belle noblesse.
Dans la journée, le labeur en plein air était dur
Et le soleil impitoyable brûlait un peu plus leur peau déjà sombre,
Mais ils avaient la foi et le désir fou de reconstruire leur vie.
Ils apprenaient une autre langue,
Un autre langage fait de mille et une salutations exagérées,
Mais jamais ils n’oubliaient leurs pères.
Leur nouveau paysage était fait de sable et d’oliviers,
De maisons blanches et bleues au carrelage frais.
La nuit avait des parfums de thé au jasmin
A l’heure où le muezzin appelait pour la cinquième fois
Leurs voisins à prier Allah.
Les miens restaient fidèles à leur Dieu et à tous ses Saints.
Ces exilés volontaires, c’est à la France d’Afrique que désormais
Ils attachaient leur identité.
Pourtant le dimanche, ils se réunissaient tous
Pour parler du temps d’avant en partageant la pasta.
Puis un jour, ils sont repartis vers d’autres terres,
Le cœur un peu amer.
Ils ont perdu un peu plus leurs racines,
Mélangé encore leur sang.
Louis a fondé une famille à Los Angeles,
Joseph s’est installé à Melbourne,
Arthur a vieilli à Marseille,
Marie a froid à Forbach,
Seule, Ernestine est demeurée à Tunis.
Les miens ont fait un détour par cette île démesurée
Où plus rien ne nous ressemblait.
Moi, pour honorer mes ancêtres, je suis née au soleil un jour de plein été.
Mais il me reste bien peu de leur long exil :
Quelques clichés usés,
Un vague sentiment d’insécurité,
Un penchant pour les siestes à l’ombre, les persiennes entrebâillées,
Un corps qui a hérité de formes pleines et méditerranéennes,
Une violence, une fougue, une impatience,
Une passion de tous les instants heureux ou malheureux.
C’est ici que je vis pourtant.
Bien sûr, j’aime caresser les tapis d’orient,
Et l’on vient volontiers partager mes spaghettis
Parfumés à l’huile d’olive.
Bien sûr, je ne peux pas nier que je crains le froid,
Que la mer m’attire,
Qu’elle m’invite à partir et à revenir
Vers mes patries originelles.
Aujourd’hui après tout ce temps, l’arbre que par ma fenêtre j’admire
et qui grandit en même temps que mon fils,
c’est le doux pommier de Normandie.
Pour lui, je veux une histoire solide et enracinée.
Alors, si parfois je repars sur les pas de mes ancêtres,
A la recherche de cet autre Arbre,
C’est pour lui transmettre toute la richesse de ceux-là
Qui sans même le connaître
L’ont aimé et ont permis que demain,
Il adhère à leurs valeurs
Et continue à dérouler le ruban de notre vie.
Patrick Bruel, Au Café Des Délices
Extrait de l'album Juste Avant (1999, BMG)
Tes souvenirs se voilent
Ca fait comme une éclipse
Une nuit pleine d'étoiles
Sur le port de Tunis
Le vent de l'éventail
De ton grand-père assis
Au Café des Délices
Tes souvenirs se voilent
Tu vois passer le tram
Et la blancheur des voiles
Des femmes tenant un fils
Et l'odeur du jasmin
Qu'il tenait dans ses mains
Au Café des Délices
Yalil yalil abibi yalil, yalil yalil abibi yalil
Yalil yalil abibi yalil, yalil yalil (abibi) yalil
Tes souvenirs se voilent
Tu la revois, la fille
Le baiser qui fait mal
A Port El Kantaoui
Les premiers mots d'amour
Sur des chansons velours
Abibi, abibi
Tes souvenirs se voilent
Tu les aimais ces fruits
Les noyaux d'abricots
Pour toi, c'étaient des billes
Et les soirées de fête
Qu'on faisait dans nos têtes
Aux plages d'Hammamet
Yalil yalil abibi yalil, yalil yalil abibi yalil
Yalil yalil abibi yalil, yalil yalil abibi yalil
Yalil yalil abibi yalil, yalil yalil abibi yalil
Yalil yalil abibi yalil, yalil yalil (abibi) yalil
Tes souvenirs se voilent
A l'avant du bateau
Et ce quai qui s'éloigne
Vers un monde nouveau
Une vie qui s'arrête
Pour un jour qui commence
C'est peut-être une chance
Yalil yalil
Tu n'oublieras pas
Yalil yalil
Ces parfums d'autrefois
Yalil yalil
Tu n'oublieras pas
Yalil yalil
Même si tu t'en vas
Yalil yalil abibi yalil, yalil yalil abibi yalil
Yalil yalil abibi yalil, yalil yalil abibi yalil
Yalil yalil abibi yalil, yalil yalil abibi yalil
Yalil yalil
Une nuit plein d'étoiles
Sur le port deTunis
Et la blancheur des voiles
Des femmes tenant un fils
Le vent de l'éventail
De ton grand-père assis
Et l'odeur du jasmin
Qu'il tenait dans ses mains
Au Café des Délices
abibi yalil, yalil yalil abibi yalil
Yalil yalil abibi yalil, yalil yalil abibi yalil
Au Café des délices
abibi yalil, yalil yalil abibi yalil
Au Café des Délices
abibi yalil, yalil yalil abibi yalil
Yalil yalil abibi yalil, yalil yalil abibi yalil*
* Pour la traduction de "Yalil yalil abibi yalil, yalil yalil abibi yalil" : je vous renvoie vers un lien trouvé sur la toile : link
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