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Illusion lyrique

Cali, Giuseppe Et Maria (extrait de l'album L'Espoir)

   J'aime la lecture, vous le savez.

   J'aime le livre, l'objet en lui-même, vous vous en doutez.

   Alors, lorsque je suis passée il y a quelques années devant cette librairie parisienne de mon quartier qui, pour quelques euros, brade de vieux livres amochés en les offrant par tous les temps à la vue des passants devant sa porte, j'ai été attirée par L'illusion lyrique d'André Malraux.

Je trouvais le titre beau.

La couverture était ruinée mais les pages qui restaient étaient résistantes grâce à un papier de bonne qualité. 

Résistantes.

Alors, mon cœur de collagiste a bondi, mes mains de colleuse ont soupesé l'objet et mon imagination a fait le reste.

   Ce n'est que récemment que j'ai eu l'envie de donner une seconde vie à ce livre qui avait été si malmené.

Je ne l'ai pas lu, d'une part parce qu'il manquait des pages et d'autre part car il me semble que je n'aurais pas eu le cœur, ensuite, de le transformer en un OCNI (objet collé non identifié).

Je sais toutefois que le contexte est la Retirada. On commémore d'ailleurs cette année les 80 ans* de cette période de l'exode de près d'un demi-million de réfugiés de la guerre civile espagnole, fuyant par-delà des Pyrénées, suite à la chute de la Seconde République et de la victoire de Franco. Explications par l'historien Denis Peschanski en suivant ce lien : https://www.youtube.com/watch?time_continue=5&v=kpY45bo2xU4

   Je n'ai pas lu le livre je vous le disais plus haut, j'ai juste eu l'envie de comprendre ce que l'on entendait par "illusion lyrique". J'en ai trouvé une définition dans un autre contexte (la Révolution de février 1848) que l'historien français Philippe Vigier décrit ainsi : " c’est le temps de l’illusion lyrique, où tous les Français, quelles que soient leur position sociale et leurs options politiques, semblent adhérer avec enthousiasme à un régime qui ne possédait, la veille encore, qu’un petit nombre de partisans convaincus." (lien)

Si quelqu'un a lu le livre de Malraux, qu'il n'hésite pas à commenter pour nous en livrer l'essentiel.

  Mon propos avec ce nouveau collage ne prétend pas du tout illustrer l'Histoire, mais plutôt de partir de ce livre objet et en revisiter partiellement son contexte littéraire pour m'exprimer en le transformant, rendant ainsi peut-être ses déchirures universelles.

A présent, il entre dans ma propre mémoire, ma propre histoire, celle de ceux qui ont tout laissé derrière eux pour embrasser une nouvelle terre d'accueil (ou pas)... La vôtre ?

Je vous souhaite une bonne semaine, moi je reprends mes voyages immobiles et mes itinéraires improbables...

A bientôt,

eMmA MessanA

* entre autres, une exposition de photos du Suisse Paul Senn a lieu en ce moment au Mémorial du camp de Rivesaltes (près de Perpignan). Voir ici : lien

Les Objets de papier et autres boîtes eMmAillotées sont regroupées ici : #Boîtes et Sculptures papier

Les Collages d'eMmA MessanA, sculpture papier N°83 "Illusion lyrique", pièce unique © eMmA MessanA

Les Collages d'eMmA MessanA, sculpture papier N°83 "Illusion lyrique", pièce unique © eMmA MessanA

© eMmA MessanA

Saint-Urbain (Vendée), mars 2019 - N°83 Illusion lyrique

objet déco en papier 16 x 22 x 26 cm

fragments d’une carte routière Michelin, papier indien, pages d'un livre

le #papier indien, fait main,

provient de la Manufacture de papiers artisanaux

de l'Ashram Sri Aurobindo de Pondichéry

Illusion lyrique
Illusion lyrique
Illusion lyrique
Illusion lyrique
Illusion lyrique
Illusion lyrique

Cali, Giuseppe Et Maria (extrait de l'album L'Espoir)

A chaque instant
Ils pourraient arriver
Ils pourraient nous surprendre
Enlacés comme ça
Ton visage a changé
Pendant la nuit mon ange

C'est cette putain de guerre
Qui t'a donné trente ans
Relève-toi
Ne pleure plus
Il faut fuir maintenant

C'est cette putain de guerre
Qui t'a donné trente ans
Ne pleure plus
Prends les gosses sous le bras
Et va-t'en

Laisse les photos
Sur la cheminée
Qu'ils voient le bonheur qu'ils déchirent
Rejoins vite le troupeau
Des veuves qui grimpent la colline
Du village martyr

Et vos hommes tiendront
Ils tiendront jusqu'au bout
Plutôt mourir debout
Que vivre à genoux

Oui, j'ai envie de toi
Comme c'est étrange d'imaginer
C'est peut-être la dernière fois...
Oui, je veux te suivre
Tout là-haut encore
Une dernière fois

Mon amour je garderai
Cette nuit
Dans le ventre
Et tes seins sous ta chemise
Qui dessinaient
Ta respiration
Et mes mains sur ta peau
Qui n'étaient plus les mains
Fatiguées d'un maçon

Tu sais mon ange
Je garderai ces moments
Dans le cœur
Quand tu hurlais
Pour rien, au bonheur
Et les enfants riaient
Et le jardin en friche
Il riait lui aussi
Mon Dieu, tu étais belle

Et j'entendrai vos voix
Pendant le dernier souffle
Je garderai tout ça
La mort ne fait plus peur
Comme j'ai de la chance
De partir amoureux de toi

Ils me fusilleront
Peut-être derrière la maison
De chacune des plaies
Coulera notre amour

Ils me fusilleront
Derrière la maison
Et c'est à cet endroit
Que Giuseppe et Maria
S'aimeront pour toujours

Si tu entends hurler au loin
Surtout ne te retourne pas
C'est le cri de l'espoir
Qui monte, qui monte
Qui montera là-bas
Etreins fort les enfants
Et dis-leur que leur père
Est parti amoureux
Et que tu seras forte
Et que tu seras belle
Que tu les aimeras pour deux

Et que tu seras forte
Et que tu seras belle
Que tu les aimeras pour deux

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M
Comme un globe qui englobe, une pomme au creux de la main, quelle jolie création...<br /> Parfois faut partir, s'enfuir, et nous l'avons fait à une époque, aujourd'hui que sait-ton de cela ?
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E
Aujourd'hui, nos gènes savent. Mais ils savent aussi que notre mémoire n'est vivante que si elle se fond dans d'autres mémoires. Vivifiante, sereine et reconnaissante.
L
Fabuleuse créatrice !!!<br /> Merci à Valentine d'avoir parlé du livre : changer d'altitude, je le débute et il me plait bien<br /> Merci Emma
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E
J'aime quand des ponts se créent entre "mes" lecteurs !<br /> Bonne lecture Le Nez.
B
Un univers enchanteur un talent multiple beaucoup de poésie une âme d enfant quel plaisir de t avoir rencontrée Emma.
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E
Merci Brigitte, c'est adorable et comme je suis heureuse de te lire ici... <br /> Je suis également ravie d'avoir fait ta connaissance un jour à Paris (je m'en souviens comme si c'était hier).<br /> Je t'embrasse,<br /> eMmA
V
Elle est juste merveilleuse ta sculpture de papier. Jusqu'à ce rameau d'olivier bienveillant.<br /> Bravo Emma, tu n'as pas fini de m'étonner, j'aime ♥️<br /> Belle journée printannière à toi.
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E
Inutile de t'avouer, Valentine, que tu me fais grand plaisir. Merci, merci, merci !<br /> J'ai passé tant d'heures et de doutes en créant cet objet de papier... <br /> Il n'a vraiment pas été évident de jouer avec la gravitation et autres forces liguées contre moi pour que mon fragile objet de déco se maintienne en équilibre... J'ai parfois fait appel à mon papa qui était si fort dans ce domaine.<br /> Passe une belle journée.<br /> Je t'embrasse.