18 Mars 2019
Cali, Giuseppe Et Maria (extrait de l'album L'Espoir)
J'aime la lecture, vous le savez.
J'aime le livre, l'objet en lui-même, vous vous en doutez.
Alors, lorsque je suis passée il y a quelques années devant cette librairie parisienne de mon quartier qui, pour quelques euros, brade de vieux livres amochés en les offrant par tous les temps à la vue des passants devant sa porte, j'ai été attirée par L'illusion lyrique d'André Malraux.
Je trouvais le titre beau.
La couverture était ruinée mais les pages qui restaient étaient résistantes grâce à un papier de bonne qualité.
Résistantes.
Alors, mon cœur de collagiste a bondi, mes mains de colleuse ont soupesé l'objet et mon imagination a fait le reste.
Ce n'est que récemment que j'ai eu l'envie de donner une seconde vie à ce livre qui avait été si malmené.
Je ne l'ai pas lu, d'une part parce qu'il manquait des pages et d'autre part car il me semble que je n'aurais pas eu le cœur, ensuite, de le transformer en un OCNI (objet collé non identifié).
Je sais toutefois que le contexte est la Retirada. On commémore d'ailleurs cette année les 80 ans* de cette période de l'exode de près d'un demi-million de réfugiés de la guerre civile espagnole, fuyant par-delà des Pyrénées, suite à la chute de la Seconde République et de la victoire de Franco. Explications par l'historien Denis Peschanski en suivant ce lien : https://www.youtube.com/watch?time_continue=5&v=kpY45bo2xU4
Je n'ai pas lu le livre je vous le disais plus haut, j'ai juste eu l'envie de comprendre ce que l'on entendait par "illusion lyrique". J'en ai trouvé une définition dans un autre contexte (la Révolution de février 1848) que l'historien français Philippe Vigier décrit ainsi : " c’est le temps de l’illusion lyrique, où tous les Français, quelles que soient leur position sociale et leurs options politiques, semblent adhérer avec enthousiasme à un régime qui ne possédait, la veille encore, qu’un petit nombre de partisans convaincus." (lien)
Si quelqu'un a lu le livre de Malraux, qu'il n'hésite pas à commenter pour nous en livrer l'essentiel.
Mon propos avec ce nouveau collage ne prétend pas du tout illustrer l'Histoire, mais plutôt de partir de ce livre objet et en revisiter partiellement son contexte littéraire pour m'exprimer en le transformant, rendant ainsi peut-être ses déchirures universelles.
A présent, il entre dans ma propre mémoire, ma propre histoire, celle de ceux qui ont tout laissé derrière eux pour embrasser une nouvelle terre d'accueil (ou pas)... La vôtre ?
Je vous souhaite une bonne semaine, moi je reprends mes voyages immobiles et mes itinéraires improbables...
A bientôt,
* entre autres, une exposition de photos du Suisse Paul Senn a lieu en ce moment au Mémorial du camp de Rivesaltes (près de Perpignan). Voir ici : lien
Les Objets de papier et autres boîtes eMmAillotées sont regroupées ici : #Boîtes et Sculptures papier
© eMmA MessanA
Saint-Urbain (Vendée), mars 2019 - N°83 Illusion lyrique
objet déco en papier 16 x 22 x
fragments d’une carte routière Michelin, papier indien, pages d'un livre
le #papier indien, fait main,
provient de la Manufacture de papiers artisanaux
de l'Ashram Sri Aurobindo de Pondichéry
Cali, Giuseppe Et Maria (extrait de l'album L'Espoir)
A chaque instant
Ils pourraient arriver
Ils pourraient nous surprendre
Enlacés comme ça
Ton visage a changé
Pendant la nuit mon ange
C'est cette putain de guerre
Qui t'a donné trente ans
Relève-toi
Ne pleure plus
Il faut fuir maintenant
C'est cette putain de guerre
Qui t'a donné trente ans
Ne pleure plus
Prends les gosses sous le bras
Et va-t'en
Laisse les photos
Sur la cheminée
Qu'ils voient le bonheur qu'ils déchirent
Rejoins vite le troupeau
Des veuves qui grimpent la colline
Du village martyr
Et vos hommes tiendront
Ils tiendront jusqu'au bout
Plutôt mourir debout
Que vivre à genoux
Oui, j'ai envie de toi
Comme c'est étrange d'imaginer
C'est peut-être la dernière fois...
Oui, je veux te suivre
Tout là-haut encore
Une dernière fois
Mon amour je garderai
Cette nuit
Dans le ventre
Et tes seins sous ta chemise
Qui dessinaient
Ta respiration
Et mes mains sur ta peau
Qui n'étaient plus les mains
Fatiguées d'un maçon
Tu sais mon ange
Je garderai ces moments
Dans le cœur
Quand tu hurlais
Pour rien, au bonheur
Et les enfants riaient
Et le jardin en friche
Il riait lui aussi
Mon Dieu, tu étais belle
Et j'entendrai vos voix
Pendant le dernier souffle
Je garderai tout ça
La mort ne fait plus peur
Comme j'ai de la chance
De partir amoureux de toi
Ils me fusilleront
Peut-être derrière la maison
De chacune des plaies
Coulera notre amour
Ils me fusilleront
Derrière la maison
Et c'est à cet endroit
Que Giuseppe et Maria
S'aimeront pour toujours
Si tu entends hurler au loin
Surtout ne te retourne pas
C'est le cri de l'espoir
Qui monte, qui monte
Qui montera là-bas
Etreins fort les enfants
Et dis-leur que leur père
Est parti amoureux
Et que tu seras forte
Et que tu seras belle
Que tu les aimeras pour deux
Et que tu seras forte
Et que tu seras belle
Que tu les aimeras pour deux