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Admettre

Cette journée avec la famille de Pietro m'avait apporté une nouvelle preuve que tous mes efforts à L’École ne faisaient que me bercer d'illusions. Le mérite ne suffisait pas, il fallait autre chose, que moi je n'avais pas et ne savais pas apprendre. Quelle honte, mon flot de paroles confuses, sans rigueur logique ni calme ni ironie, contrairement à ce que savaient faire Mariarosa, Adele et Pietro ! J'avais intégré l'acharnement méthodique de la recherche universitaire qui soumet à vérification la moindre virgule, ça oui, et je le démontrais lors des examens ou dans le mémoire que je rédigeais. Mais de fait, je demeurais complètement démunie, acculturée à l'excès, privée de cette cuirasse qui leur permettait, eux, d'avancer d'un pas tranquille. (...)

Elena Ferrante, "Le nouveau nom" ("L'amie prodigieuse II) Folio p. 543

Il me reste encore des livres que je n'avais pas encore lus. C'est une chance...

Je viens de finir Le nouveau nom, deuxième tome de la saga de L'amie prodigieuse d'Elena Ferrante. J'ai particulièrement été intéressée par un sujet qui y est développé grâce au cheminement de l'un des personnages, Lina, qui incarne ce questionnement : peut-on vraiment sortir de sa condition ?

Se défait-on jamais des marqueurs de ses origines ?

Qu'on le veuille ou non, il me semble que c'est impossible. J'entends, on peut bien sûr évoluer, grandir, mais inévitablement on est rattrapé par des habitudes de langage, de comportement, de références ou d'absence de références. On est repéré à d'infimes détails.

Parfois, rarement peut-être, on aimerait y échapper, mais...

Parfois on croit que l'on s'est lavé de tout ce qui peut nous bloquer dans l'histoire, les coutumes, les habitudes, de nos ascendants qui nous pèse, pourtant...

Parfois, on se dit qu'il faut l'admettre, qu'il est impossible de lutter, que malgré tout, l'empreinte est indélébile.

Parfois, on se dit, qu'au-delà des ressentiments, ce peut être une force...

On n'est pas du sérail ? Et alors ? On se "fera" tout seul... ou pas.

Je sais aussi que parfois cette tache originelle pèse, voire détruit.

Osons être nous-mêmes et laissons-nous être porteurs de l'identité, remarquable ou détestable de ceux qui nous ont précédés.

C'est à ce prix que l'on pourra oser vivre pleinement notre singularité.

Et vous, que pensez-vous de ce poids, lourd ou léger, que nous ont transmis nos ancêtres et que nous devons assumer ?

eMmA MessanA

Les Collages d'eMmA, collage "Relais 1 et 2" © eMmA MessanA
Les Collages d'eMmA, collage "Relais 1 et 2" © eMmA MessanA

Les Collages d'eMmA, collage "Relais 1 et 2" © eMmA MessanA

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M
Superbe collage eMmA !<br /> J'ai connu une époque difficile où il fallait changer d'école trop souvent et je ne comprenais pas... Mais ce qui nous blesse nous rend meilleur dit-on...
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E
Dis-moi Marine, es-tu la "May" sur FB ?<br /> Moi j'ai très souvent changé d'école, mais c'était à cause des fréquents déménagements... Pas toujours évident...
Q
Tu ouvres là un sujet de réflexion... je n'ai pas lu ces livres, mais je suis d'accord avec ce que tu dis.<br /> J'ai toujours pensé que notre naissance rend l'ouverture de certaines portes difficiles, mais ceux qui y arrivent peuvent être fiers de réussir, ils ne doivent qu'à eux cette réussite.<br /> C'est le plus important.<br /> Il ne faut pas renier ses origines mais ne pas en faire un poids trop lourd.<br /> Bisous et douce journée.
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E
Oui Quichottine, je suis en tous points d'accord avec toi. Je pense toutefois que ces portes peuvent bel et bien s'ouvrir, mais que tôt ou tard on te le fera payer très cher si tu ne fais pas partie du sérail et si plus tu refuses de faire le dos rond en le revendiquant fièrement haut et fort...<br /> Mais oui, ne jamais oublier d'où l'on vient, c'est bien une question d'honnêteté envers les siens et envers soi-même.<br /> Bonne fin de dimanche. Je t'embrasse.
E
Je pense qu'au fur et à mesure que nous " grandissons " nous nous façonnons par nos expériences personnelles , mais , la base de notre ciment ancestral est là pour nous guider , nous rassurer ou nous faire rebeller. Notre patrimoine familial est une grande richesse.<br /> Je n'ai pas lu ces romans.<br /> Belle soirée , bises eMmA
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E
Oui, de toutes façons qu'on le veuille ou non, notre histoire est faite de celles de nos ascendants. Même si voulait en faire fi, nous serions découverts à d'évidents ou d'infimes détails. <br /> Mais, je pensais, de façon plus large, qu'il y a une forme d'inégalité sur ce sujet. Certains ont juste à lever le petit doigt et, grâce à leur nom (ou leur renom), peuvent accéder à de nombreuses ouvertures et appuis. D'autres auront beau ramer, s'ils ne font pas partie du sérail, au mieux y parviendront en s'épuisant avec acharnement, au pire n'y parviendront jamais...<br /> Cela donne encore plus de poids à la réussite de ces derniers, mais à quel prix et pour combien de temps...<br /> Je te souhaite une journée loin des tracas.<br /> Bises.
V
Oh oui! L'amie prodigieuse. Qu'est-ce que j'ai aimé. Le téléfilm est assez fidèle. On attend la suite.<br /> Dans l'histoire, je me suis transportée à Naples et j'ai navigué dans la peau de l'une et de l'autre des amies.<br /> Quant à la part de notre "héritage" familial, c'est tous les jours qu'il me nourrit.
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E
Je n'ai pas vu le téléfilm et pour l'heure, je n'ai donc lu que les deux premiers volumes. Je lirai certainement cette suite car je trouve les personnages captivants, que ce soient les deux héroïnes ou les personnages secondaires qui gravitent autour d'elles.<br /> Je suis d'accord avec toi quand tu dis que notre héritage culturel nous nourrit, c'est indéniable.<br /> Mais quand même parfois il peut être un peu pesant et on peut avoir envie de s'en échapper...
M
Je n'ai jamais voulu me détacher de ce que mes ancêtres m'ont transmis ni eu aucune honte de ma famille. Je crois avoir été consciente très petite de la richesse de la transmission et de son importance pour notre propre construction personnelle et notre force c'est certain.<br /> J'ai beaucoup aimé les deux premiers tomes de "l'ami prodigieuse", empruntés en médiathèque, ensuite j'ai fait un break et je les ai acheté en poche, donc il me reste à lire les deux suivants...une enfance qui par certains côtés m'a beaucoup rappelé la mienne, même si je ne partage pas tout des descriptions ou des ressentis de l'auteur. Belle journée Emma
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E
Très petite, je n'avais aucune conscience de ce que pouvait représenter la richesse ou non de mon patrimoine familial, j'entends au sens culturel du terme. Tout au contraire, mon père a tout fait pour gommer ses origines italiennes de façon à mieux nous intégrer dans cette France qui nous accueillait. Jamais il ne nous a parlé en italien et il a tout fait pour s'élever socialement. je me rends compte avec le recul que c'était pour mieux honorer ses ancêtres venus d'Italie du sud, pour leur prouver qu'ils ne s'étaient pas exilés pour rien de leur berceau familial si pauvre, peu éduqué et sans avenir. Moi, je loue leur courage, leur ténacité, leur immense générosité.<br /> Comme on dit, mon papa "s'est fait tout seul", autodidacte incroyable et tellement inventif. A travers lui et grâce à lui, j'ai pu accéder à un enseignement universitaire, pourtant, je crois fermement que l'on n'échappe jamais vraiment à l'empreinte de ses origines quelles qu'elles soient. Il me semble que c'est à la fois un honneur et aussi, parfois, une sorte d'empêchement pour s'accomplir complètement.
A
J'en pense que tu as raison, il faut assumer nos singularités et ne pas renier cet héritage qui de toute façon nous colle à la peau mais fait aussi de nous des êtres uniques. <br /> Tu as aimé ce que tu as lu de'H. Ferrante? J'ai trouvé la fresque de l'Italie à une certaine époque intéressante et l'histoire sympa, par contre la traduction est infecte, on a l'impression qu'il n'y a pas eu de relecture avant impression, plein de redites et de lourdeurs. Un petit goût de déception mais bon ceci dit j'avoue avoir tout lu. Sur le même thème tu as la belle et sobre écriture d'Annie Erneau dont je ne me souviens plus des titres précis.
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E
Comme tu le dis si bien ce qui nous constitue "nous colle à la peau", donc il est impossible à dissimuler, et ce, malgré l'éducation au sens large. Combien de fois, je me suis sentie dans certains cercles hors normes...<br /> Je n'ai lu que les deux premiers tomes de la sage d'Elena Ferrante. J'aime énormément les personnages et justement le cheminement vers leurs destins. Je lirai certainement les deux autres tomes.<br /> Oui, j'ai tout lu d'Annie Ernaux qui dépeint à merveille son enfance et sa jeunesse normandes, sa progression vers un grand destin d'auteure et d'universitaire avec tous les paradoxes que cela induit, justement.<br /> Merci de nous avoir fait part de ton avis.