9 Juin 2020
Il était une fois,
il était deux fois,
il était mille fois
un conteur et un conté
entamant la libre danse des histoires inventées
il y a beau temps, il y a longtemps,
par gros temps de vent, vive-le-vent-d'hiver,
par temps de pluie, de brûlant un-deux-trois-soleil,
des histoires de temps immémoriaux
roulant et se déroulant de bouches en bouches
sous l'arbre à palabres où l'on nous retrouve perchés, à l'ouest, un peu fous-dingues, pas sages du tout,
des histoires écrites aujourd'hui et qui seront encore lues demain, peut-être
saperlipopette, je remets ma salopette !
Le dialogue entre le conteur et le conté
est fait de mots dits et redits,
de mots bouillis archi-cuits-moelleux dans le chaudron magique
de regards complices,
de gestes amples ou discrets qui se répondent,
de silences aussi doux qu'une pantoufle de vair partie à la recherche de sa jumelle.
Il se love dans la voix qui murmure hush-little-baby-hush
ou qui s'envole, tonitruante-c'est-pour-mieux-te-manger-mon-enfant.
Il se nourrit de non-dits et de mots tus, turlututu-chapeau pointu,
de sommeils doudous dors-bien-à-demain-matin-mon-p'tit-loup,
de variations sur une même fable,
d'improvisations à chaque fois réinventées.
Il était une bonne fois pour toutes,
le pouvoir d'une imagination offerte par ta bouche-bisou, ta bouche-colère,
amadouée par le clignement de tes paupières, le roulement de tes gros yeux
par ta voix faite de chair et de sang,
par ton souffle qui va chercher au plus loin de tes entrailles,
par le cœur et l'enfance de tes mots-papa-maman,
et par la croyance ineffable et absolue en des lendemains qui s'enchantent
même et surtout si on veut te faire croire que demain c'était hier et que tu ne comptes pour rien.