21 Janvier 2012
Bois de Vincennes, samedi 20 août 2011
En hommage au jongleur de mots, Raymond Devos.
Passez un excellent week-end !
eMmA
Toutes mes notes pour la communauté Le pied du WE gérée par Belbe sont regroupées ici : C'est le pied !
Raymond Devos, Le Pied
Un jour, je me promenais comme ça dans la rue. Tout d'un coup, je rencontre un grand metteur en scène.
Il m'dit : Voulez-vous faire du cinéma ?
Je lui dis : Si c'est possible...
Il m'dit : Mon film s'appelle " Si l'argent m'était compté ". Il y a un caissier qui lève le pied, voulez vous le remplacer au pied levé ?
Je lui dis : Si c'est possible...
Il m'dit : Dites-moi, est-ce que vous êtes de la pédale ?
Je lui dis : Pas encore. Faut-il m'inscrire ? Indiquez-moi la marche à suivre !
Il m'dit : Où peut-on vous toucher ?
Je lui dis : Chez moi. Le matin avant 9 heures et après 7 heures le soir.
Tout d'un coup, il se met en colère : Oui, vous êtes tous les mêmes. Vous voulez faire du cinéma, mais vous ne faites pas les concessions nécessaires.
Je lui dis : Du calme... Du calme ... de quoi est-il question ?
Il m'dit : Venez demain matin à 9 heures au studio et il me donne une adresse.
Le lendemain, j'arrive au studio sur mon 31. Je vois le metteur en scène. Il me regarde comme ça.
J'dis : Tiens j'accroche...
Il m'dit : Marchez un peu... pour voir. Tournez-vous !
Je dis: Tiens j'accroche... Et emporté par le mouvement, je décroche un vers de Musset, "le soir qui tombe a des langueurs sereines"... pour montrer que je pouvais aussi causer.
Il m'dit : Très bien, déchaussez-vous !
Je lui dis : Comment ?
Il m'dit : Déchaussez-vous !
Je lui dis: Non, je lui dis, Non ! Non, moi je me suis chaussé ce matin, c'est pour la journée. Faut attendre ce soir.
Il pique une colère : Oui vous êtes tous les mêmes. Vous voulez faire du cinéma, mais vous ne faites pas les concessions nécessaires.
Je lui dis: Vous me l'avez déjà dit !
Il m'dit : Je le répète !
Alors je lui dis : Du calme... Du calme ... de quoi est-il question ?
Il m'dit : je vous demande de vous déchausser.
Eh ben, j'dis: C'est-y pas mieux comme ça ? J'enlève ma chaussure.
Il fait : Ah !!!
Je dis : quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ?
Il m'dit : Vous avez un pied extraordinaire !
Ah ! j'dis : Tiens j'accroche...
Il m'dit : ça fait des mois que je cours après un pied comme le vôtre.
Et ben, j' dis: Il est là !
Il m'dit : Je savais bien qu'il devait être quelque part.
Il m'dit : Amenez votre pied droit au studio. Nous, on fournit la chaussure.
Alors depuis, je n'ai pas arrêté. J'ai tourné "Le pédicure assassin !" C'est avec ça que j'ai eu l'oscar.
Une critique : Talon exceptionnel, pied sensible, merveilleusement incarné.
Et ce matin, je reçois un coup de fil d'un grand metteur en scène qui m'dit : Voilà, je tourne "Si tous les pieds du monde voulaient se donner la main". Avez-vous un pied de libre ?
Je lui dis : Oui, j'ai le gauche !
Il m'dit : Peut-il tourner en extérieur ?
Ah j'ai dit : Non ! j'ai dit Non ! Non ! J'ai déjà le pied droit qui tourne à l'intérieur, alors si vous me faites tourner le pied gauche à l'extérieur, moi vous me mettez dans une position
fausse.
Oh il m'dit : ne perdez pas les pédales !
Je m'dis : Ça y est, il doit savoir que je ne me suis pas inscrit.
Effectivement, effectivement, parce qu'il m'a dit : A propos, vous chaussez du combien ?
Ben Je lui dis : Du 43
Oh la la la la Il m'dit, C'est beaucoup trop long pour un court métrage ! Ah là non, pensez ! Il m’aurait fallu un 37 fillette.
Un 37 fillette ? Alors, d'mandez donc ça à ma ma sœur… et j’ai raccroché!