10 Décembre 2021
Les signes frappent souvent à ma porte et hier, ça n'a pas manqué en la personne de l'accordeuse venue remettre en forme le piano de Florent. C'est la première fois que je rencontre une femme qui exerce ce beau métier aux compétences techniques que je trouve mystérieuses et que j'admire.
Ce piano droit Rameau, nous l'avions acquis il y a plus de trente ans dans les Yvelines, alors que notre fils avait quatre ans. Depuis, il avait fait le déménagement avec nous vers l'Alsace où Florent avait suivi les cours de Michel Gaechter au Conservatoire de Strasbourg.
Ensuite, nous l'avions de nouveau embarqué avec nous à Paris où Flo a assidument poursuivi son étude, quelquefois plusieurs heures par jour, ce qui nous valut un jour l'arrivée de pas moins de trois policiers prêts à verbaliser.
Puis, le Rameau a continué sa migration vers l'ouest en emménageant avec nous ici en Vendée. J'ignore si ce domicile est pérenne, mais à ce rythme il n'y a plus guère que New-York pour aller encore plus à l'ouest !
Malheureusement, cet instrument se languit de son pianiste car Florent habite aux Pays-Bas, mais dès qu'il revient à la maison, il est heureux de le retrouver et nous, de l'écouter.
Durant toutes ces années Môsieur Rameau a donc reçu les soins de plusieurs hommes de l'art, la plupart fort compétents et parfois relativement atypiques dont un monsieur complètement aveugle qui me disait "vous pouvez éteindre la lumière" et qui réalisait un travail d'orfèvre, un grand costaud dont j'ai cru à un moment qu'il tenait plus du déménageur que de l'accordeur tant il frappait fort sur les touches mais qui au final nous rendait un piano parfaitement accordé, un "complètement bourré" (selon les termes de Flo) dont le travail fut assez approximatif et un incroyable monsieur qui rédigeait ses factures en lettres gothiques!
Facture d'accord au diapason 440 hertz rédigée en lettres gothiques par Monsieur Pierre Bertaud, société ADES-PRESTEL à Strasbourg
Mais revenons à hier avec l'arrivée de la jeune et sympathique accordeuse de piano (dont je ne connais pas le nom, hélas).
Comme c'était la première fois que nous la rencontrions et que le piano n'avait pas été réaccordé depuis longtemps, nous lui avons déroulé les grandes étapes de sa vie, dont au passage la petite histoire qui nous avait tant marqués de la facturation spécifique artistique.
C'est alors qu'elle nous apprend qu'elle a travaillé dans le Bas-Rhin et qu'elle connaît Pierre Bertaut, l'auteur de ces factures et qu'on lui a souvent parlé de ses chefs d'oeuvre qui pour ma part, m'ont aidée à faire passer la douloureuse. Elle nous a dit que certains clients les avaient encadrées (c'est une bonne idée, je vais y songer). Il parait que c'est un homme qui se passionne pour beaucoup de choses. Il n'est pas alsacien, pourtant il sait le parler à la perfection.
Il est bien rare qu'un piano, à près de vingt ans d'intervalle et plus 900 kilomètres de distance, soit accordé par une personne venant de la même entreprise ! L'accordeuse en était toute émue. Elle nous a dit qu'elle est restée en contact avec ADES-PRESTEL et qu'elle va le leur raconter.
J'aime bien les clins d'oeil de l'existence...
Ensuite, pour l'aiguiller dans son diagnostic, nous lui avons expliqué ce que notre fils attendait de son intervention. Comme nous prononcions le nom de Florent, elle nous dit que c'est également le prénom de son compagnon. Déjà que je la trouvais sympatique, cela m'a confortée dans mon avis !
Et puis, voilà qu'elle nous dit qu'il est Normand (notre Florent est né à Rouen) et que le berceau de sa famille se trouve dans le Pays de Caux (qui est la région de la plupart des ancêtres de JM, le papa de Flo) !
J'aime bien les coïncidences...
Et puis, pendant qu'elle était au chevet du piano qui, au final, n'était pas trop désaccordé malgré son dernier déménagement, je me suis amusée à rechercher sur Internet le nom de Monsieur Bertaut.
Et là, je vois qu'il oeuvre auprès d'un groupe vocal de femmes à Lipsheim, Ellipse, et qu'il a écrit la traduction et les harmonies de La Langue De Chez Nous d'Yves Duteil !
Vous qui savez combien Yves m'est cher, ce signe m'a de nouveau interloquée. En alsacien, cela donne D'Heimatsproch. Quand on sait l'attachement que les Alsaciens portent à leur beau patrimoine et notamment leur dialecte, je pense que cette traduction a dû plaire en concert.
Voici la jolie performance donnée en l'Eglise Saint-Pancrace de Lipsheim le 17 novembre 2019 (Cheffe de Choeur, Sabine Schaal, au piano, Thierry Walter) :
Vous pouvez réécouter l'original, érigé en hymne au Québec, dans l'une des pages rédigées dans ce blog : lien.
J'ai bien hâte que Florent et sa petite femme arrivent pour les fêtes de fin d'année et que notre pianiste de fiston teste son piano réaccordé.
Et qui sait, bien que son propre piano ait cent ans (un petit rappel ici), un jour le clavier du Rameau de Flo sera peut-être effleuré par mon généreux préfacier préféré? Eh oui, j'aime bien les signes...
Vous avez aimé mon histoire du jour ?
Moi, j'ai l'impression que la magie de Noël est déjà un peu entrée chez nous...
✫✫¸.•°*”˜˜”*°•.✫ Petit bonus, cette fois, c'est Florent qui joue : 1er mouvement de la Sonate en Fa Majeur de Sibelius, puis Danny Boy (à partir de la ballade irlandaise Londonderry Air).
Désolée pour la qualité des enregistrements plutôt minable faits au pied levé avec le smartphone :
Passez un très doux week-end,
eMmA MessanA