20 Février 2011
Durant notre récent voyage en Inde du Sud, nous avons visité Auroville (la Ville de l'Aurore).
Cette ville expérimentale a été créée par Mirra Alfassa (Mirra Richard), plus connue sous le nom de La Mère, compagne spirituelle de Sri Aurobindo, philosophe indien.
Voici ce dont rêvait la Mère et ce qu'elle écrivait en août 1954 :
"Il devrait y avoir quelque part sur la terre un lieu dont aucune nation n'aurait le droit de dire : "Il est à moi" ; où tout homme de bonne volonté ayant une aspiration sincère pourrait vivre librement comme un citoyen du monde et n'obéir qu'à une seule autorité, celle de la suprême vérité ; un lieu de paix, de concorde, d'harmonie, où tous les instincts guerriers de l'homme seraient utilisés exclusivement pour vaincre les causes de ses souffrances et de ses misères, pour surmonter ses faiblesses et ses incapacités ; un lieu où les besoins de l'esprit et le souci du progrès primeraient sur la satisfaction des désirs et des passions, la recherche des plaisirs et de la jouissance matérielle.
Dans cet endroit, les enfants pourraient croître et se développer intégralement sans perdre le contact avec leur âme ; l'instruction serait donnée, non en vue de passer des examens ou d'obtenir des certificats et des postes, mais pour enrichir les facultés existantes et en faire naître de nouvelles. Dans ce lieu, les titres et les situations seraient remplacés par des occasions de servir et d’organiser : il y serait pourvu aux besoins du corps également pou tous, et la supériorité intellectuelle, morale et spirituelle se traduirait dans l’organisation générale, non par une augmentation des plaisirs et des pouvoirs de la vie, mais par un accroissement des devoirs et des responsabilités.
La beauté sous toutes ses formes artistiques – peinture, sculpture, musique, littérature, serait accessible à tous également – la faculté de participer aux joies qu’elle donne étant limitée uniquement par la capacité de chacun et non par la position sociale ou financière. Car dans ce lieu idéal, l’argent ne serait pas le souverain seigneur ; la valeur individuelle aurait une importance très supérieure à celle des richesses matérielles et de la position sociale. Le travail n’y serait pas le moyen de gagner sa vie, mais le moyen de s’exprimer et de développer ses capacités et ses possibilités, tout en rendant service à l’ensemble du groupe qui, de son côté, pourvoirait aux besoins de l’existence et au cadre de chacun.
En résumé, ce serait un endroit où les relations entre êtres humains, qui sont d’ordinaire presque exclusivement basées sur la concurrence et la lutte, seraient remplacées par des relations d’émulation pour bien faire, de collaboration et de réelle fraternité. »
Ce rêve est devenu réalité et Auroville a été construite d'après les plans conçus par l'architecte français Roger Anger.
Auroville a été inaugurée le 28 février 1968.
Je cite le document qui nous a été remis sur place :
« Lors de la cérémonie d’inauguration, en un geste symbolisant l’unité humaine, les représentants de 124 nations et de 23 Etats indiens jettent une poignée de terre de leur pays natal dans une urne en forme de lotus.
Autrefois plateau désertique, la région d’Auroville, grâce aux efforts persistants des premiers pionniers, s’est transformée en terre verdoyante sur laquelle progressivement une cité prend forme. Au centre le Matrimandir, et autour, quatre zones : internationale, culturelle, résidentielle et industrielle. Dans chacune de ces zones doit se manifester un aspect important de la vie de la communauté. Une ceinture verte entourera la cité.
Auroville est devenue une communauté en constante expansion.
Les quelque deux mille habitants que l’on compte à l‘heure actuelle, venus de l’Inde et d’une quarantaine d’autres pays, se répartissent sur plus de cent lieux de résidence.
Les nombreuses activités et recherches des Aurovilliens portent sur la régénération de l’environnement, l’agriculture organique, l’énergie renouvelable, les matériaux de construction, le développement des villages, les artisanats et petites industries, les soins de santé, l’éducation, les échanges interculturels et bien d’autres domaines.
La recherche progressive d’une économie sans argent et d’une organisation sans hiérarchie extérieure est au cœur de l’expérience d’Auroville.
Auroville est une source majeure d’emplois pour les 40 000 habitants des villages environnants. Auroville s’efforce aussi d’améliorer l’infrastructure de ces villages et d’y apporter éducation et soins médicaux.
Symbole d'Auroville
En 1988 le Auroville Foundation Act, une loi passée par le gouvernement de l’Inde, a établi une fondation dont le but est de veiller à ce qu’Auroville fonctionne et se développe suivant les principes énoncés dans sa Charte. »
La charte d'Auroville :
"Auroville n'appartient à personne en particulier.
Auroville appartient à toute l'humanité dans son ensemble. Mais pour séjourner à Auroville, il faut être le serviteur volontaire de la Conscience Divine.
Auroville sera le lieu de l'éducation perpétuelle, du progrès constant, et d'une jeunesse qui ne vieillit point.
Auroville veut être le pont entre le passé et l'avenir. Profitant de toutes les découvertes extérieures et intérieures, elle veut hardiment s'élancer vers les réalisations futures.
Auroville sera le lieu des recherches matérielles et spirituelles pour donner un corps vivant à une unité humaine concrète".
Nous avons vu un site très vivant et actif où il fait bon respirer un air pur en se promenant dans la nature.
Nous n'y sommes restés qu'une seule journée, je ne me permettrai donc pas de juger le travail qui y ait fait. Pour cela je crois qu'il faudrait séjourner un moment sur place et y prendre une part active dans tel ou tel domaine.
Ce fut toutefois un premier contact intéressant.
Nous avons rencontré autant d'Indiens que d'Occidentaux attirés par ce concept ville à part.
Nous avons entendu nombre de langues différentes dans les cours de récréation et dans les chemins que nous avons parcouru.
Ce banian centenaire déploie ses racines aériennes comme des colonnes pour mieux se soutenir et il déploie son ombre sur une placette.
Allez, venez avec moi, je vous emmène vers le Matrimandir :
J'ai été très surprise d'y voir une photo des années 70 qui me faisait comme un surprenant miroir...
A la sortie, nous avons reçu une petite poupée nommée "Tsunamika".
Ces toutes petites poupées sont fabriquées à la main avec des chutes de tissu par un collectif de femmes dont les villages de pêcheurs proches de Pondichéry ont subi la catastrophe du tsunami.
Elles travaillent dans un esprit fondé sur une démarche similaire aux valeurs d'Auroville qui soutient leur projet.
Je vous dis à bientôt en vous souhaitant toute la sérénité d'Auroville, toute l'universalité des citoyens du monde.
Le site d'Auroville : link
Pour en savoir plus sur Shri Aurobindo : link
Le site de tsunamika : link
Toutes les notes relatives à l'Inde du Sud sont réunies ici : #Inde du Sud
"Auroville", Nadaka
Site du guitariste Nadaka vivant à Auroville : link