9 Février 2013
Livre déjà refermé mais dont je termine la relecture :
"En vieillissant les hommes pleurent"
de Jean-Luc Seigle
J'ai aimé la belle écriture de son troisième roman édité chez Flammarion.
Une écriture emplie de compassion pour Albert, cet homme, ouvrier chez Michelin au début des années 60 et qui va vivre en décalage avec cette "modernité" qui l'assaille et avec laquelle il ne peut s'accorder, alors que sa femme y est entrée totalement.
Ce père, homme simple qui ne sait comment véritablement exprimer sa sensibilité autrement que par son geste définitf.
Il ne juge pas, mais bien sûr, n'en pense pas moins.
Il a su comprendre son plus jeune fils, son amour pour la littérature, en le "confiant" avant son départ à un homme qui pourra le guider vers les aspirations qui sont les siennes.
Tous les personnages sont magnifiquement dépeints et cette télévision qui vient catalyser et accélérer les événements m'est apparue comme un personnage à part entière.
C'est très malin de la part de l'auteur, car l'arrivée d'un téléviseur à cette époque représentait le basculement dans une autre "ère".
D'un point de vue romanesque, j'ai trouvé ça très fort.
Je me suis souvenue qu'elle fut un événement majeur dans mon enfance.
J'avais quatre ans quand elle est entrée dans notre foyer en 1960.
Mon père qui raffolait de tout ce qui avait trait aux nouvelles technologies, l'avait offerte à ma mère le jour de la fête des mères !
C'est dire que contrairement au roman, elle fut un élément de cohésion dans notre famille.
On était tous les cinq, avec mon frère et ma sœur, fous de joie.
La première émission que nous avons vue, c'était "La vie des animaux". Je m'en souviens comme si c'était hier.
Assise sur une chaise, lorsqu'un lion est apparu à l'écran, plus le caméraman zoomait, plus je me penchais en arrière. Pour finir, j'ai bien failli tomber à la renverse !
J'ai beaucoup aimé le personnage du petit garçon découvrant Balzac, forcément autobiographique.
Je crois même qu'il m'a donné envie de relire Eugénie Grandet...
J'ai aussi été impressionnée par cette fin très forte, assez curieuse, sorte de document-plébiscite assez méconnu sur la ligne Maginot, c'est même un élément clé du roman.
"Le coeur cousu"
de Carole Martinez
Ce livre, de la collection Folio, je l'avais emporté avec moi en vacances en Campanie et le conseil de lecture de Parisianne a ravivé ce très beau souvenir de lecture que je relie à la merveilleuse lumière estivale de l'Italie de juillet dernier.
Outre le titre surprenant, c'est la photo de la couverture du livre qui m'a attirée.
Elle m'a fait immédiatement penser à Frida Khalo, j'ai même cru qu'il s'agissait de l'un de ses autoportraits...
J'ai énormément aimé ce livre qui m'a happée dès les premières lignes.
Ce conte initiatique m'a fait penser par certains traits au livre de Patrick Süskind, Le Parfum, où étaient déclinées toutes les subtilités et finesses olfactives.
Ici, c'est un festival de déclinaisons et sensations autour des tissus que l'on palpe, que l'on hume, dont on se drape et qui font partie intégrante de la vie.
Les personnages sont fait de chair et de sang, mais aussi de tissu et de fil, de broderies et de dentelles.
Y sont honorées, voire vénérées, leurs fibres, leurs couleurs, la magie qu'ils font naître grâce au savoir-faire parfois quasi-surnaturel de la couturière-brodeuse Frasquita Carasco, la Mère créatrice qui donne vie même à une aiguillée de fil...
J'ai été comme envoûtée par ce merveilleux conte d'errance où les mots et les fils sont déroulés comme le ruban de la vie et de la mort sur plusieurs générations de femmes au destin implacable.
J'ai été très marquée par cette lecture tout à fait originale dont je me souviendrai longtemps (un peu comme pour les écrits de Clarissa Pinkola Estès).
Pour une autre histoire de "coeur cousu", c'est par ici : http://www.emmacollages.com/article-si-j-entrais-dans-ton-coeur-114999475.html
Bon week-end et bonnes lectures !
eMmA MessanA
Chet Baker, The Thrill Is Gone
the thrill is gone
the thrill is gone
i can see it in your eyes
i can hear it in your sighs
feel your touch and realize
the thrill is gone
the nights are cold
for love is old
love was grand when love was new
birds were singing, skies were blue
now it don't appeal to you
the thrill is gone
this is the end
so why pretend
and let it linger on
the thrill is gone
the thrill is gone...
Pour retrouver d'autres titres de Chet Baker dans la playlist d'eMmA, cliquez sur le titre d’une note :
Un peu d'épure dans le collage dominical
Semaine des droits de l'enfant 2011
Très beau site rendant hommage à Chet Baker : link