4 Février 2017
Je ne sais pas vous, mais moi, je suis toujours dans le Tamil Nadu et ce matin, j'ai fait une visite extraordinaire.
Au cours de l'un de mes derniers voyages, j'étais déjà allée à Auroville et vous en avais raconté l'esprit ici : lien
Nous pensions qu'il n'était pas autorisé de visiter le Matrimandir, que la visite en était réservée aux yogis émérites et aux scientifiques faisant de la recherche très pointue. Or, cette année, une ancienne collègue de Paris rencontrée par hasard il y a quelques jours à Pondichéry (le monde est bien petit) m'a dit que c'était possible et qu'en plus l'entrée était gratuite, mais qu'il fallait tout simplement aller une première fois sur le site (le physique) d'Auroville, puis réserver la visite du Matrimandir pour un deuxième passage...
Eh oui, il faut le mériter et vraiment montrer son intérêt profond en faisant l'effort de venir une seconde fois. Et je vous prie de croire qu'avoir de la suite dans les idées en revenant pour découvrir l'intérieur de ce dôme aux disques de verre dorés, est une expérience sans pareil.
C'est, je crois, la plus incroyable sensation de silence, de beauté et d'élévation de l'esprit que j'ai faite de toute ma vie !
Imaginez, après avoir parcouru des jardins magnifiques élevés, au gazon tenu parfaitement, qui s'enroulent autour des pétales du globe doré avec le seul groupe de la journée qui se verra ouvrir les portes du Matrimandir, imaginez que le sésame s'ouvre sur un monde à part, immaculé, aux murs de marbre blanc, que vous montiez des escaliers qui vous donnent l'impression d'entrer dans une autre dimension en vous perdant dans des espaces aux structures graphiques où les lignes se coupent et se recoupent, et qu'enfin vous pénétriez dans une immense salle circulaire avec aux pieds de grandes chaussettes blanches pour ne pas salir l'épaisse moquette moelleuse blanche qui étouffe le moindre bruit...
Les visiteurs s'assoient dans un grand cercle, chacun sur un coussin blanc, dans un silence absolu, une concentration naturelle et quasi palpable.
Aucune image, aucune fleur, aucun son ne vient vous perturber ou vous inciter à orienter vos pensées vers quelque dieu ou quelque gourou que ce soit.
Et là, au milieu de la salle, cerclé de douze colonnes blanches, trône un gigantesque globe de cristal de 70 cm de diamètre, d'une beauté purement irréelle, d'une force et d'une présence imposantes. Les rayons du soleil éclairent le cristal et le traversent depuis le ciel jusqu'à la terre. Un jeu de miroirs, tel le cylindre d'un kaléidoscope, fait naître des arcs-en ciel au plafond, tandis qu'au sol des sortes d'écailles blanches s'évasent comme une immense fleur de lotus, desquelles de l'eau se déverse en vaguelettes dans un mouvement perpétuel légèrement hypnotisant. Le tout est d'une grande propreté.
Bien sûr, les téléphones portables sont prohibés.
Chacun de nous, à l'intérieur du cristal de ce globe est visible comme des petites fourmis noires qui feraient une ronde autour de la Terre. Une Humanité en miniature...
Nous restons là durant une vingtaine de minutes, silencieux, ébahis, méditatifs, impressionnés, concentrés, comme seuls au monde, mais extrêmement conscients de ne faire qu'un, reliés par le même souffle de vie. J'ai le sentiment d'être protégée dans une bulle.
Je sais que nous sommes nombreux dans la salle, mais pourtant, je me sens seule, face à moi-même.
Un calme profond nous envahit, nous sommes comme habités par le silence...
Cette expérience, au coeur d'Auroville, sera à jamais gravée dans ma mémoire. Je rêve de la renouveler un jour et c'est ainsi que j'imagine l'antichambre du Paradis.
Sa créatrice, la Mère, a voulu ce lieu comme étant l'âme de l'Humanité.
Je ne peux hélas vous montrer des images que de l'extérieur du site et de loin, et je puis vous dire que c'est une véritable torture que de ne pas être autorisé à prendre des photos des abords et de l'intérieur du Matrimandir. Mais je le reconnais, si l'on était autorisé à prendre des photos, à apporter sa bouteille d'eau en plastique, son sandwich et son portable, la dé-Nature briserait la magie de ce site incomparable.
Le silence était de rigueur et chacun l'a respecté. Pourtant, quelqu'un n'a pas pu s'empêcher de tousser, et moi, je lui en sais gré, car ainsi j'ai pu mesurer l'incroyable acoustique du lieu. J'imagine l'envoûtement que susciterait une voix ou un instrument de musique se produisant dans cette salle unique !
Je vous souhaite de pouvoir un jour expérimenter cette visite exceptionnelle.
Je précise que nous avons fait cette visite au cours de notre voyage humanitaire dont vous pouvez retrouver des témoignages en reliant le tag #Nouvelles d'Apres School.
A bientôt,
eMmA MessanA