29 Mai 2019
Martha Argerich - Mozart, Sonate N° 18 en Ré Majeur K. 576
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À quoi cela servirait-il d'écrire s'il n'y avait pas d'écho ?
Dans la série Un moment de lecture
J'ignore quelle était sa première vie, ni quel événement a conduit Marie Gillet à décider qu'une seconde vie commençait, que celle-ci allait lui devenir d'une saveur essentielle et présente dans chacun de ses gestes. Ce n'est pas l'objet de ce Journal d'une seconde vie et cela est sans doute de l'ordre du privé.
Avec une grande sobriété, voire une économie de mots dans son propos pour mieux nous montrer l'essentiel, Marie Gillet nous permet de cheminer à ses côtés avec sérénité et dans un silence qui bruisse de ses petits bonheurs qu'elle collecte avec un sens aigu du présent, avec respect et reconnaissance envers la vie qui offre de la joie à profusion même s'il faut en passer par des moments plus difficiles.
Rien n'est anodin ou banal à ses yeux : un mot reçu dans sa boîte à lettres pour peu que l'expéditeur ait eu la délicatesse d'utiliser un joli papier à lettres, le rangement d'un coffret où l'on serre ses aiguilles à tricoter, une tasse de café dégustée au soleil, se délester de choses inutiles, faire son marché en imaginant la belle soupe qui sera cuisinée et dégustée en plaisante compagne, collecter des graines de belles-de-nuit, tricoter un pull pour une amie, se reposer en écoutant Mozart, et lire, lire, lire...
Dans ce journal, on voit les saisons lentement passer d'un début d'automne à l'automne suivant, sans qu'aucune date ne soit mentionnée. C'est mieux, cela donne un aspect atemporel qui ajoute à l'enchantement d'un lâcher-prise.
C'est comme si ce beau journal était la preuve écrite que malgré les vicissitudes de la vie, on peut l'épouser une seconde fois et alors, on saura la magnifier et la fêter à chaque seconde des bonheurs minuscules qu'elle offre ou mieux, que l'on provoque.
J'ai juste un petit regret ou interrogation : pourquoi toujours utiliser le "on" qui met de la distance, alors que derrière ce "on" se cache juste "je" ? Pudeur ? Anonymat nécessaire pour se délester d'un poids trop lourd ? Souhait de rendre cet écrit universel ?
Je ne vous en dis pas plus, et pour cause, je n'ai pas fini cet ouvrage délicat, écrit avec finesse. Je me le réserve pour le moment du coucher, une heure avant de m'endormir. Il me procure un doux apaisement.
Je vous recommande chaudement ce livre édité chez PUBLIBOOK : lien
L'auteure anime un blog sur le même thème. Il porte le joli nom de Bonheur du jour.
Bonnes lectures !
A bientôt,
eMmA MessanA