13 Décembre 2023
Je publie de nouveau cette page car c'est un beau souvenir pour moi et que la saison s'y prête. Bonne lecture !
eMmA
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24 décembre 2022
Je suis absolument ravie de ce magnifique cadeau de Noël que me fait Ouest France en publiant dans son superbe numéro du 24/25 décembre 2022 une pleine page incluant ma nouvelle inédite, conte de Noël un peu mystérieux qui se passe dans le marais, "Blanche et Brune".
La nouvelle est accompagnée de l'une de mes aquarelles, ainsi que de mon portrait réalisé par monsieur Claude Rouleux, correspondant Ouest France pour Saint-Urbain et Bouin (Vendée).
Je remercie infiniment Ouest France Challans et monsieur Rouleux. Je suis sincèrement très heureuse!
Je vous en souhaite une bonne lecture.
Ah mais quelle somptueuse année 2022 qui a été riche d'événements heureux et qui présage d'une année 2023 tout aussi joyeuse !
A bientôt,
eMmA MessanA
Blanche et Brune
eMmA MessanA
Il y a des jours comme ça, où les rêves décident de nous surprendre en jouant des tours de magie sans baguette, sans fées autour du berceau, sans étoile filante…
*
Ils attendaient ce moment depuis très longtemps, si bien que l’annonce de l’arrivée des jumelles pour le soir même leur fit l’effet d’un rêve dont ils s’éveillèrent ce matin-là, l’œil rond, incrédules et émerveillés.
Ils n’osaient pas vraiment y croire, et mirent cette annonce sur le compte de la période festive du moment où tout se nimbe de magie, ces jours bénis où l’on imagine que le plus beau cadeau tant espéré sera bien déposé au pied du sapin, qu’il viendra combler les cœurs et illuminer les regards de mille et une étoiles.
Noël était là. La double promesse ne pouvait pas trouver une meilleure date pour arriver dans leur foyer aimant.
Le berceau était prêt depuis longtemps. Il attendait sagement le jour favorable pour enfin n’être plus vide et se réchauffer doucement d’une nouvelle vie en se transformant en nid douillet. Et aujourd’hui, c’étaient deux vies qui étaient promises !
Ils se serrèrent fort l’un contre l’autre, roucoulèrent des petits mots d’amour et se firent un bisou dans le cou. Ils entamèrent même, un peu hésitants et maladroits sur leurs longues jambes, un pas de deux en se balançant en rythme sur l’air désuet d’un vieux chant de Noël, impatients d’être à ce soir.
- Tout est prêt pour l’arrivée des petits ?
- Oui, ne t’inquiète pas, depuis le temps qu’on les attend !
Ils s’encouragèrent et s’affairèrent pour finir les préparatifs de la fête qui s’annonçait sous les meilleurs auspices.
La bourrine* avait été joliment décorée pour l’occasion. Le sapin brillait de mille petits lumignons et de boules scintillantes. Certaines décorations leur venaient de leurs grands-parents.
La traditionnelle Cosse de Nau* brûlait déjà dans l’âtre, on pouvait entendre ses craquements ajouter de la joie et de la vie dans la grande pièce. Une douce chaleur rendait l’atmosphère propice au bonheur, mais il fallait faire attention à ne pas trop s’approcher du feu de peur de s’y brûler les ailes…
La volaille de Challans mijotait longuement dans la grosse marmite. D’alléchantes et délicieuses odeurs leur rappelaient la tendresse de l’enfance quand la cuisine embaumait pendant la cuisson de gourmandises prévues pour de festives retrouvailles familiales. Les notes iodées océanes des huîtres et autres fruits de mer se mêlaient aux rondeurs savoureuses, épicées et fruitées des sauces qui allaient accompagner les mets amoureusement préparés en l’honneur des invités. Dans le four, on pouvait voir se gonfler de plaisir la brioche joufflue qui cuisait et qui ferait les délices du petit-déjeuner du lendemain matin…
Aquarelle et photo illustrant la nouvelle "Blanche et Brune", conte de Noël dans le marais © eMmA MessanA
En fin d’après-midi, tout était fin prêt pour fêter Noël, se réjouir, danser joyeusement et découvrir les cadeaux dans la soirée.
Pour tromper leur impatience ils décidèrent d’aller dans le marais à la recherche d’un beau bouquet pour décorer la table de fête. La légende disait que si l’on cherchait bien et que l’on était en symbiose avec la nature, on pouvait y trouver les plus doux branchages, les plus tendres végétaux. Et même, si l’on était chanceux, on pouvait y réunir un bouquet de houx tout droit venu de la Forêt de Mervent jusqu’au cœur du marais, emporté par le vent et les lutins malins, amis de Mélusine.
Ils sortirent donc, leurs silhouettes élancées traversant avec légèreté et agilité un enchevêtrement d’étiers, de canaux, et de prairies gagnées par les eaux. Ils connaissaient parfaitement les lieux qu’ils parcouraient quotidiennement.
Alors que la lune ronde plongeait dans le marais blanc aux couleurs de schiste ardoisé, une lumière d’or diffuse ourlait le crépuscule. On avait parfois l’impression qu’ils volaient côte à côte dans le paysage presque irréel, tout de mystère et de beauté.
En plein hiver, il fallait marcher loin et longtemps pour trouver de jolis feuillages, se montrer patients sans jamais brusquer les choses. On racontait que certains, par soir de grand vent, s’étaient aventurés trop loin, là où les menhirs se déplacent en écrasant de leurs pas lourds les randonneurs imprudents…
Mais en ce soir de Noël placé sous le signe d’une belle promesse, nos deux promeneurs avaient la certitude que les éléments seraient leurs complices et que, malgré le grand froid, ils protègeraient leur cheminement.
Ils ne craignaient pas de perdre leurs repères, au contraire. Leur seule boussole, c’était la reconnaissance et le profond attachement qu’ils ressentaient pour leur territoire ouvert sur un vaste océan de nouveaux sentiers à découvrir. Ils se sentaient prêts à s’ouvrir à une vie de métamorphoses venant d’un ailleurs inconnu et attirant.
Malgré la pénombre, la beauté des lieux était saisissante.
Le silence était de temps en temps réveillé par des sons qui composaient la musique naturelle des lieux. Alertée par le pas des marcheurs écrasant brindilles et grains de sable, une avocette élégante qui flottait au milieu de l’eau lança son petit cri, « klup-klup-klup ! ». Le battement des ses ailes réveilla quelques grenouilles rieuses pendant qu’une anguille ondula lentement dans l’eau sombre. Plus loin en bordure du marais, la branche d’un peuplier craqua.
Le ploc-ploc d’une bulle se formant à la surface d’une mare aux teintes minérales fit se figer sur place les deux cueilleurs. Oubliant leur projet végétal, ils furent tentés de rapporter quelque poisson tout frais pour agrémenter le dîner pourtant déjà plantureux qui les attendait chez eux.
Reprenant leur chemin, portés par leur bonheur, ils s’arrêtaient au gré de leurs trouvailles, respiraient à pleins poumons l’air frais, et prenaient le temps d’observer et de choisir les précieux joyaux que leur offraient la terre et l’eau en ce soir de Noël. Les roseaux et les bambous présentaient leurs tiges et leurs feuilles allongées, les tendres mousses se laissaient glaner, quelques narcisses à la précoce floraison jaune soleil se montraient timidement ça et là en jouant à cache-cache avec les herbes et les salicornes.
En levant bien le cou, vifs et souples, ils pouvaient aussi dénicher des baies jusqu’en haut des bosquets tout parés de guirlandes de givre façonnées par la nature voulant, elle aussi, se parer pour la fête.
C’est ainsi qu’au fil de l’eau, ils rassemblèrent délicatement suffisamment de végétaux, un coquillage, la plume blanche d’un hibou des marais, de fines et odorantes écorces, quelques fragments de bois flotté et un mignon petit champignon desséché, pour décorer la table de leur demeure qui attendait leur retour.
Ils rentrèrent avec leur butin, heureux.
La simplicité naturelle du dégradé de vert piqueté de quelques touches colorées fut du meilleur effet sur la somptueuse table du Réveillon ainsi parée d’élégance et de finesse.
Et c’est autour de minuit que naquirent les Maraîchines Blanche et Brune.
Ce soir-là, au cours d’une nuit magique et merveilleuse où tout rêve bien couvé peut éclore, les cloches des églises des environs sonnèrent joyeusement à la volée, même celles d’anciennes chapelles qui avaient disparu à jamais.
Les jumelles étaient attendues pour le Printemps et pourtant, c’est par un soir de givre et de frimas qu’elles sont arrivées.
Le lendemain matin, ne restaient au pied du sapin de Noël que deux fragiles coquilles bleutées et craquelées. Deux poussins, un héron cendré et une aigrette blanche, les avaient abandonnées là en poussant leurs tout premiers pépiements.
On aurait dit un double cœur enlacé reposant sur un peu de fin duvet blanc comme neige…
* bourrine construction (maison) implantée sur des sols marécageux vendéens dont les structures sont bâties avec des ressources naturelles de la région (sable, bois, terre, fibres végétales, etc.)
* cosse de Nau en patois vendéen = bûche de Noël
Renseignement pris auprès de la LPO à qui j’avais demandé si un héron cendré et une aigrette à plumage blanc pouvaient se reproduire, voici leur réponse :
« Nous nous sommes renseignés auprès de notre service Connaissance, d’après eux il y aurait eu au moins un cas d’hybridation entre ces deux espèces dans la somme (80) en 2018. Donc apriori ce serait possible, mais très rare tout de même.
Pleine page Ouest France, édition du 24-25 décembre 2022. Nouvelle "Blanche et Brune" et portrait eMmA MessanA
Lien vers l'article du portrait en ligne : Vendée. Qui est eMmA MessanA, la poétesse et illustratrice ? (ouest-france.fr)
Lien vers l'article du conte en ligne : EMma MessaNa, autrice Vendéenne, offre un conte de Noël à nos lecteurs (ouest-france.fr)