Sigolène Vinson, Le butor étoilé

12 juin 2025
Voici la réaction de l'auteure sur FaceBook à cette modeste page: 
"Retour de lecture qui touche. Quand il donne un sens à ce que, en l'écrivant, on pensait insensé. Merci beaucoup."
"C'est toujours une surprise pour moi quand ce que j'écris dans mon petit coin de Provence, sur les rives d'un étang mal aimé, mal connu, rencontre d'autres êtres sensibles que les sternes naines et les tritons palmés . Merci beaucoup."

Sigolène Vinson, Le butor étoilé

   Je ne sais pour quelle raison je porte une tendresse particulière aux hérons, mais elle confine parfois à la fascination.
   J'en vois souvent au cours de mes promenades dans le marais proche de mon domicile vendéen.
Mais observer l'une de ses espèces, le Butor étoilé, est une quête à laquelle je n'ose même pas penser car cet oiseau est expert dans l'art du camouflage. Il se fond littéralement dans son environnement naturel, les roselières.
De plus, il arrive que l'on en observe dans ma région, mais a priori, pas vraiment en Vendée. 
Cette capacité à s'invisibiliser dans le paysage, en plus de la rareté de cet échassier lui confèrent, à mes yeux de très grande néophyte, une mystérieuse aura d'oiseau que je nommerais de quasi mythique.
Le découvrir dans la nature tiendrait pour moi du miracle...

   Alors imaginez ma curiosité quand j'ai entendu parler du roman de Sigolène Vinson, Le Butor étoilé qui plus est publié dans cette maison d'édition que j'aime beaucoup, Le Tripode !

   Je viens de le finir et je sais que je vais avoir bien du mal à vous parler de cette inclassable lecture qui pourtant va me marquer.

   Trois mots pour le résumer me viennent à l'esprit :

- poésie pour la richesse et la beauté des images évoquées dans une langue tendre et douce, propice à l'enchantement.
L'objet-livre au papier doux au toucher, ainsi que les Illustrations du naturaliste du 16e siècle, Pierre Belon, de la première et quatrième de couverture, recèlent aussi leur part de poésie...
- rêverie écologique suscitée par l'émerveillement ressenti devant un environnement où évoluent des humains qui se confondent avec nos amis Loup, Eau du marais, Végétaux, Grenouille, Roseaux, Couleuvre, Mûres, Figues, Palourdes, Pierres, Flamants roses, Hérissons... Vie. 
Les pistes sont parfois brouillées, les frontières minces et poreuses, mais les empreintes demeurent, grâce aux petits cailloux que l'auteure sème au gré des pages...
- mystère qui entoure la disparition d'une jeune fille, qui change les destinataires de lettres en absents ou trop présents, une quête d'amour et de désir qui va jusqu'à faire changer la couleur des yeux d'un personnage amoureux, et puis un jour entendre les deux tons du chant d'un Butor étoilé.
La structure de l'histoire contée m'a embarquée, je me suis laissé porter, parfois en apnée, vers la beauté... 

Ah, mais quel bonheur de lecture !
Je vous la conseille chaleureusement.

  Comme un fait du hasard (vous savez combien j'aime les signes que la vie pose sur nos chemins), je me trouvais dimanche au Jardin du Vent de Notre-Dame-de-Monts pour une manifestation autour des Rendez-Vous aux Jardins.
J'y ai notamment assisté à la passionnante conférence de Thomas Brosset, "Ecouter, observer, identifier les oiseaux des jardins".
Auteur, il proposait des livres d'ornithologie, mais également des polars dans lesquels les oiseaux sont toujours au cœur de l'intrigue.
Et, incroyable, son dernier, "Le Fantôme des marais" n'est autre que le Butor étoilé. Bingo !
Moi qui ne lis que très rarement des polars, je le lirai très prochainement...  

A bientôt,
eMmA