16 Février 2014
A mes débuts dans la blogosphère, je recherchais des blogs dont le sujet principal traitait de l'art du collage.
C'est ainsi que j'ai rapidement été attirée par le travail tout en subtilité et en finesse de Cyrianne.
La talentueuse Cyrianne, nous offre sur son blog un "petit tour de parcours en bref" :
" Spécialisation dans l’illustration et les techniques du papier
Beaux-Arts de Grenoble: Dessin d’observation, huile, aquarelle, modèle vivant avec Yves Deshairs
Chambre des métiers de grenoble: Techniques des arts sous la direction d'Yves Deshairs
Expression graphique au service de l’Information
et des Relations Publiques au sein de collectivités territoriales
Sensibilisation à l’expression graphique pour enfants de 04 à 12 ans
en milieux scolaires, périscolaires et mouvements de jeunes
CNED: Formation continue en arts plastiques
Scolarité orientée section Arts Graphiques"
Cyrianne est non seulement une grande artiste, mais en plus une personne à part, recelant, me semble-t-il, un certain mystère qu'il est bon sans doute qu'il demeure entier...
Elle ne se dévoile qu'avec infiniment de discrétion.
Oh, je ne vous ferai pas croire que je suis sa grande amie, comme si nous étions intimes depuis toujours.
Mais ce que je peux vous dire, c'est que depuis le tout premier com, j'ai profondément senti qu'il s'agit d'une personne au grand coeur, calme et patiente, posée, généreuse, exigente avec elle-même, mais tendre, ouverte et incroyablement bienveillante à l'Autre.
Je débutais (je suis toujours une débutante) et elle m'encourageait.
Je progressais un tout petit peu (j'ai encore tant et tant de progrès à réaliser) et elle mettait en valeur ces petites avancées.
Je prenais un peu d'assurance (alors que je devrais certainement être bien plus humble) et elle saluait mes créations.
Au fil du temps, j'ai découvert que quelques points communs nous relient : les enfants, l'Inde, le mois de juillet, Perpignan, les collages, les contes, l'amour inconditionnel du papier...
Je suis attachée à cette amie de colle, telle qu'elle m'a souvent nommée à ma grande fierté, car je sens des liens profonds entre nos univers tout collés qui vont au-delà de la connivence, des échanges de mots et d'images...
Et voilà que, dans l'ombre, en toute discrétion, sa dernière note publiée dans son blog est une illustration en lien avec l'un de mes petits contes publiés ici dans mon blog dans la rublique "mots collés pour les enfants" : "Le doudou Lapindou de Ludo".
Cyrianne la tendre, la communicante du coeur, a parfaitement capté la nostalgie de cette histoire d'enfant qui grandit et qui doit quitter son doudou.
Son illustration est la douceur même de l'enfance, son espièglerie aussi, sa merveilleuse et permanente source d'inspiration des grands qui savent se souvenir.
La très jolie création-illustration de Cyrianne pour Le doudou Lapindou de Ludo est à voir ici : link
Bien sûr, vous l'imaginez bien, c'est mon flis Florent qui est un peu l'enfant de l'histoire (même si un autre Ludo qui se reconnaîtra m'a prêté son prénom pour la cohérence et la musicalité du titre de l'histoire).
Le voici avec son fameux Lapindou le jour de ses trois ans :
A présent, Lapindou coule une douce vieillesse dans l'album de naissance de Florent.
Je l'ai délicatement posé entre les pages d'un joli cahier dans lequel j'avais écrit l'histoire il y a 12 ans....
J'ai beaucoup de chance car Flo est encore à Paris pour quelques jours avant de retourner à Lahore et il est le témoin de cette nouvelle histoire.
Pendant que j'écris ces lignes, il nous joue une étude de Chopin au piano. Cela faisait plus d'un an que le couvercle de son piano était baissé et cela nous manquait...
Il m'a recommandé de prendre bien soin de Lapindou, de ne pas trop le manipuler et de lui éviter trop les flashs de la célébrité, de le remettre au chaud dans son album photo de naissance...
Chut il repart....
Merci beaucoup, Cyrianne, d'avoir réveillé Lapindou, d'avoir donné une nouvelle naissance à ce petit conte, d'avoir eu la gentillesse et la créativité de construire un pont de laine et de douceur entre nous...
Voici donc ce conte pour les petits enfants un peu obstinés, de la part d'eMmA MessanA.
Le doudou Lapindou de Ludo
Le jour de la naissance de Ludo, lui et sa maman reçurent beaucoup de cadeaux.
Bébé était tout petit, endormi bien au chaud dans son berceau et on pouvait à peine voir le bout de son nez tant on lui avait offert de peluches !
Mais il avait beau être un tout petit bonhomme, il avait déjà choisi son préféré parmi tous ses jouets : c’était un petit lapin bleu et blanc, tout doux.
Bébé Ludo ne savait bien sûr pas encore parler, mais il lui avait déjà donné un nom. Dans sa tête et dans son cœur il l’appelait Lapindou.
Comme il l’aimait !
« Doux, doux, Lapindou,
Doulapin, t’es mon doudou ! »
Dès le premier jour, il veilla sur son sommeil. Il était toujours auprès de lui dans son berceau sur son oreiller douillet, dans sa poussette quand on le promenait dans le parc, puis plus tard dans son lit à barreaux, sur sa couverture de laine.
Quand maman partait au travail, elle lui faisait un gros baiser et lui mettait Lapindou dans ses menottes. Ainsi, il était rassuré et en sécurité toute la journée... C’était magique !
Quand Ludo était heureux, qu’il était très gai, c’est à Lapindou qu’il racontait tous ses bonheurs. Il caressait son doux pelage et ils riaient très fort tous les deux.
Quand Ludo était triste, qu’il avait un gros chagrin, c’est à Lapindou qu’il confiait tous ses malheurs. Il le serrait très fort dans ses bras et pleurait un bon coup.
Lapindou l’écoutait toujours, était très patient et savait le consoler avec ses mots à lui. Car oui, bien sûr, le doudou savait parler ! Mais personne d’autre que le petit garçon ne l’entendait. C’était leur secret à tous les deux. Ils savaient si bien se comprendre :
« Doux, doux, Lapindou
Doulapin, t’es mon copain ! »
Le temps passait, Ludo grandissait et Lapindou vieillissait. Il devint moins doux. Le bleu pâlissait et le blanc devenait gris.
Un jour que pour le troisième jour de suite, son équipe de foot n’avait pas marqué de but, il rentra chez lui de fort mauvaise humeur. Tout allait de travers ce jour-là : il y avait eu des épinards à la cantine, son cartable était trop lourd, sa maman avait oublié de préparer son goûter, la nounou le houspillait pour qu’il aille faire ses devoirs et même, son amoureuse Marjolaine avait fait un bisou pendant la récréation à un garçon qui était plus grand et plus fort que lui !
Il était très en colère. Alors il entra dans sa chambre et laissa éclater sa fureur contre Lapindou, qui pourtant n’y était pour rien. Il le prit par une patte, le fit tournoyer dans les airs et le jeta par terre dans un coin parmi d’autres jouets qui s’écroulèrent sur lui.
- Na, voilà !
Lapindou resta là, abandonné. Il pleura un peu et bouda.
Ludo s’était calmé et il se mit à apprendre la poésie que la maîtresse voulait que les enfants récitent le lendemain.
L’après-midi passa, puis la soirée.
Au moment de se coucher, l’enfant qui avait tout oublié, chercha partout son petit compagnon. Mais il était introuvable, tant il y avait de désordre dans sa chambre. Alors il se rappela combien il avait été méchant et injuste avec lui. Il appela :
« Doux, doux, Lapindou
Ne boude plus, mon Doulapin ! »
Mais Lapindou restait muet.
Quand papa monta faire un bisou à son fils pour la nuit, il retrouva Ludo la tête plongée dans son coffre à jouets.
- Mais que fais-tu, ça n’est pas l’heure de t’amuser, dit le papa, d’un ton sévère.
- Je cherche mon doudou, répondit Ludo.
- Ca n’est pas le moment, tu le chercheras demain ! Allez zou, tu es un grand garçon, tu n’as plus besoin d’une peluche pour t’endormir.
Ludo se mit à pleurer, à crier, à trépigner, à réclamer très fort son doudou.
Son père n’aima pas cela du tout.
Il obligea son fils à se coucher immédiatement et éteignit la lumière.
Le petit garçon pleurait encore.
- Calme-toi, Ludo et endors-toi bien vite.
Il lui fit un baiser pour lui dire bonne nuit.
En sortant de la chambre, le papa vit le doudou tout piteux dans son coin. Il le prit par une oreille entre deux doigts, sans que Ludo s’en aperçoive, et descendit l’escalier.
Le pauvre lapin était tout sale, et il avait perdu un œil dans la bataille.
- Il est moche, dégoûtant et il ne sent pas bon, dit le papa, et il le jeta dans une poubelle.
A minuit, toute la famille dormait profondément. Tout était calme, quand soudain, Ludo se réveilla. Il chercha son doudou partout dans son lit, mais il ne le trouva nulle part. Puis il se rappela qu’il l’avait perdu.
Il était désespéré et se remit à pleurer. Sa maman l’entendit et arriva bien vite au bord de son lit.
Dans un sanglot, il lui expliqua ses malheurs et aussi que papa avait déclaré qu’il était désormais trop grand pour garder un doudou.
Sa maman le consola, l’apaisa en le berçant doucement. Elle essuya les larmes de l’enfant et lui promit de parler à papa.
Sur cette promesse, Ludo finit par se rendormir.
Ses parents se mirent d’accord pour aller récupérer Lapindou dans la poubelle.
Après une toilette obligée et quelques réparations, Lapindou était à nouveau présentable.
Le lendemain, au petit déjeuner, Ludo retrouva son ami, mais il avait du mal à le reconnaître : maintenant il était recousu et il sentait bon la lessive. Mais c’était quand même bien Lapindou et il l’aimait toujours. Il fallait juste qu’il s’habitue à sa nouvelle tête.
Ses parents lui expliquèrent qu’ils avaient bien réfléchi et qu’il était encore trop tôt pour séparer les deux amis et qu’on attendrait que Ludo grandisse encore un peu.
Quelques années plus tard, Ludo avait encore grandi.
Il ne se mettait plus en colère quand son équipe de foot perdait, il commençait à aimer les légumes, il pleurait un peu moins et il avait une nouvelle amoureuse.
Un soir, il sortit de son placard ce qu’il avait de plus précieux : une boîte dans laquelle il rangeait tous ses secrets et ses photos.
Il y déposa avec tendresse son doudou et avant de refermer le couvercle, il chanta :
« Doux, doux, Lapindou
Jamais je ne t’oublierai, Doulapin. »
FIN