13 Novembre 2017
Dans la série Mes gammes et Un moment de lecture
J'ai toujours été une inconditionnelle des écrits d'Yves Simon, mis en musique ou pas. J'ai adoré le lire, l'écouter, le fredonner, et de loin en loin, lui écrire, le rencontrer.
Cela faisait très longtemps qu'une publication de cet auteur-compositeur-écrivain de grand talent avait fait la une. Nous avions pris l'habitude qu'il fasse partie intégrante de notre vie en la jalonnant de ses repères ancrés dans ce siècle qu'il affectionne, le XXème, mais aussi ceux fichés dans notre coeur et notre mémoire collective.
Il nous a beaucoup manqué, lui que nous avons tant aimé dans les années 70, avons accompagné dans les années 80, suivi dans les années 90.
Il a su nous faire entrer, conquérants, dans Manhattan, déambuler dans Barcelone ou Paris, nous faire plonger dans l'Océan, nous raconter Angéla et Antoine, Léo-Paul et Marie, la Movida, nous faire admirer une toile de Basquiat, nous émouvoir en nous faisant écouter le bruit que fait l'éclisse d'un rail que l'on reserre, nous embarquer ailleurs en portant des semelles de vent, déguster une tarte aux mirabelles, prendre des ours blancs dans nos bras, nous faire rêver d'une Amazonie au détour d'une nuit blanche en fumant des gauloises bleues, frissonner dans la neige en Lorraine, imaginer le Pavillon d'Or de Kyoto, pleurer de façon intempestive sur le destin impitoyable subi par les Afghanes, nous faire voyager avec un enfant sans nom en Mandchourie sur le dos d'un alezan et puis, nous faire tutoyer la nostalgie bruissant sous les fenêtres de nos vies qui passent, doucement...
Chaque chanson me renvoie très précisément et de façon indissociable à certains épisodes du carnet de voyage de ma vie, de Rouen à Strasbourg en passant par Paris, de la gare Saint-Lazare, à l'aéroport d'Entzheim, à la Place Stan, des luthiers de Mirecourt, aux hôtesses de l'air de ma compagnie nationale, aux boucles de la Seine, en passant par la Place Dauphine ou le Pont Neuf et la salle blanche de la librairie Kléber. Autant d'épisodes écrits à l'encre bleue sur des feuilles de papier à en-tête d'un hôtel de Bangkok ou de New York...
C'est comme un film qui défile sur l'écran géant de ma propre bande-originale, en stéréo, en cinémascope parfois en noir et blanc, parfois en technicolor. Je suis la plupart du temps muette d'admiration devant le talent de cet artiste, mais je peux aussi être intarissable.
Et puis voilà que vient de paraître chez Flammarion, Génération(s) éperdue(s), un recueil de 140 textes de chansons, depuis son tout premier album, Au Pays Des Merveilles de Juliet (1973), jusqu'au dernier datant de 2017, Rumeurs.
Il est agrémenté de quelques remarques de l'auteur et de photos, provenant notamment d'archives personnelles. On y découvre également le talent d'aquarelliste de l'artiste. Il se termine par des textes inédits, Chansons pour inconnu(e)s.
La seconde actualité est un double album à paraître, qui sortira chez Because Music sous le même titre, Génération(s) éperdue(s).
Il comprend un CD du live de l’Olympia du 12 mars 2008 et un second CD qui nous fera découvrir la reprise de vingt de ses chansons interprétées par la jeune génération (des 20-30 ans). Le premier titre dévoilé est celui que vous entendez, reprise très dance-floor de Au Pays Des Merveilles De Juliet par Moodoid.
Je vais m'en délecter, car en 2008, j'y étais à l'Olympia pour ce retour à la chanson du grand voyageur. J'avais peur de le retrouver sur scène, d'être déçue peut-être. Mais il fut largement à la hauteur. Ah, cette standing ovation que nous lui avions réservée !
Merci à l'élégant et incontournable artise qu'est Yves Simon, d'être revenu nous rendre visite.
A bientôt,
eMmA MessanA