13 Mai 2023
Rediffusion, plus de dix ans après...
Yves Simon, L'Abyssinie
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En ballade du côté du Port de plaisance de Paris-Arsenal dimanche dernier, j'ai glané quelques croisillons dans le beau ciel parisien. © photos eMmA MessanA
Puis, en voici l'écho, depuis le pont d'Austerlitz.
Puis, toujours dans le quartier de l'Arsenal du 4ème arrondissement, non loin du bâtiment de la Garde Républicaine, mes pas m'ont conduite vers la petite place du Père-Teilhard-de-Chardin où l'on peut voir une curieuse oeuvre de bronze.
Cette sculpture est l'oeuvre de Jean-Robert Ipoustéguy (1920-2006).
LHomme aux semelles devant a été commandée en 1985 par le Président François Miterrand en hommage à Arthur Rimbaud.
Paul Verlaine avait surnommé Rimbaud, l'Homme aux semelles de vent.
La touche rouge, ici, bien sûr, c'est le drapeau de la France qui pavoise au balcon de la Bibliothèque de l'Arsenal.
Mais sur les photos suivantes, ce petit point rouge sur le dos de l'Homme aux semelles devant, c'est quoi ?
C'est une plume, mais ne me demandez pas comment elle est arrivée jusque là !
C'est sûrement encore une histoire de vent...
Cela m'amuse de penser que la plume rouge est comme un défi que le poète nous envoie depuis son éternité, lui qui était tant épris de liberté et qui, je pense, n'aurait pas utilisé le bronze pour en faire des statues, fussent-elles érigées en son honneur...
Destructuré le Rimbaud de la sculpture ?
Vous me direz que ce n'est pas pire que mon collage...
A bientôt,
eMmA MessanA
PS : vous voulez admirer une autre statue ?
Pourquoi pas Beaumarchais à Paris ? Oui, c'est par ici : lien
Pourquoi pas Madame Citron au Château de Vascoeuil ? Oui, c'est par ici : lien
Paris XIème, septembre 2010 - N°145 Pas sérieux
Collage sur carton 17.5 X 29 cm
Ce collage N°145, pièce unique, a été vendu durant durant Intim'Expo 29-30nov13
Vit en région parisienne
et sa famille en sont les fondateurs
Roman, Arthur Rimbaud
I
On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans.
— Un beau soir, foin des bocks et de la limonade,
Des cafés tapageurs aux lustres éclatants !
— On va sous les tilleuls verts de la promenade.
Les tilleuls sentent bon dans les bons soirs de juin !
L’air est parfois si doux, qu’on ferme la paupière ;
Le vent chargé de bruits, — la ville n’est pas loin, —
A des parfums de vigne et des parfums de bière…
II
— Voilà qu’on aperçoit un tout petit chiffon
D’azur sombre, encadré d’une petite branche,
Piqué d’une mauvaise étoile, qui se fond
Avec de doux frissons, petite et toute blanche…
Nuit de juin ! Dix-sept ans ! — On se laisse griser.
La sève est du champagne et vous monte à la tête…
On divague ; on se sent aux lèvres un baiser
Qui palpite là, comme une petite bête…
III
Le cœur fou Robinsonne à travers les romans,
— Lorsque, dans la clarté d’un pâle réverbère,
Passe une demoiselle aux petits airs charmants,
Sous l’ombre du faux-col effrayant de son père…
Et, comme elle vous trouve immensément naïf,
Tout en faisant trotter ses petites bottines,
Elle se tourne, alerte et d’un mouvement vif…
— Sur vos lèvres alors meurent les cavatines…
IV
Vous êtes amoureux. Loué jusqu’au mois d’août.
Vous êtes amoureux — Vos sonnets La font rire.
Tous vos amis s’en vont, vous êtes mauvais goût.
— Puis l’adorée, un soir, a daigné vous écrire…!
— Ce soir-là… — vous rentrez aux cafés éclatants,
Vous demandez des bocks ou de la limonade…
— On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans
Et qu’on a des tilleuls verts sur la promenade.
Yves Simon, L'Abyssinie
Paroles et musique, Yves Simon
Extrait de l'album De l'autre côté du monde (1985)
Loin de tout, loin de vous en mélancolie
Loin des mots d'ici, loin de l'Abyssinie.
Avec le temps tout s'en va, avec le temps rien ne va.
Des visages qu'on oublie, et quelques autres qui n's'oublient pas.
Avec le temps, y a des Rimbaud qui fuient écrire ailleurs
Les choses qui font battre le cœur.
Les nomades s'en vont quand il n'y a plus rien à voir.
Les pharaons du rock passent de l'autre côté des miroirs.
Longtemps après, leurs chansons courent encore dans les rues,
Bien après qu'ils ont disparu.
C'est loin l'Abyssinie, et c'est loin...
Dans nos vies y a des vagues en béton, des bunkers.
Au bord des océans, camouflés, souvenirs de guerre.
Des souv'nirs plein de neige et de bruit, photographies,
Toutes remplies de mélancolie.
C'est loin l'Abyssinie, et c'est loin...
Un soleil en plein cœur et des tam-tams sous les pieds,
Faire danser et trembler toute la terre, l'ensorceler.
Un soleil qui s'glisserait sous ta peau chaque nuit
Donner du désir à ta vie.
Avec le temps tout s'en va, avec le temps rien ne va.
Des visages qu'on oublie, et quelques autres qui n' s'oublient pas.
Avec le temps, y a des Rimbaud qui fuient écrire ailleurs
Les choses qui font battre le cœur.
C'est loin l'Abyssinie, et c'est loin...