6 Octobre 2025
Construire sa vie dans une langue qui n'est pas la sienne, se l'approprier et faire bouger les contours de son identité sans toutefois gommer ce qui nous constitue fondamentalement, voilà un exercice d'équilibriste assez périlleux qui nécessite de ne pas se perdre.
Je suis d'ailleurs toujours émerveillée devant la capacité qu'a un enfant à rapidement apprendre et maîtriser une langue qui n'est pas celle de sa naissance, dès lors qu'il est plongé dans un nouvel environnement, au risque d'oublier aussi vite sa langue d'origine. Pour l'adulte le cheminement est plus lent et souvent lié à une obligation économique ou géopolitique. Bien sûr, la volonté de s'expatrier peut aussi être librement choisie et le fruit d'un rêve d'enfant que l'on décide de réaliser une fois devenu adulte.
La richesse de l'acquisition d'une nouvelle langue, pour certains brutale car non désirée, pour d'autres lumineuse, n'en demeure pas moins source d'effort à produire.
Certains ne parviendront peut-être jamais à l'accomplir tout à fait car ils mesurent l'aspect quasi surhumain de cette mutation. C'est comme si leur langue rebelle refusait de s'ajuster à des sonorités étrangères, comme si elle voulait ne conserver et respecter que le souvenir gravé en eux de leur langue maternelle.
Toutefois, j'insiste sur cette richesse que représente, à mes yeux, l'apport d'une nouvelle langue dans sa vie avec tout ce que cela suppose de plongée dans une sorte d'inconnu et de transformation de ses repères. J'aime l'idée que l'on offre à son cerveau un supplément de plasticité et de souplesse pour faire face à une certaine adaptabilité.
Je conçois bien sûr qu'apprendre une langue qui n'est pas la sienne, cela peut être vertigineux et même être source d'angoisse devant l'inconnu, mais il me semble que la jubilation n'est pas loin face à la découverte d'un océan de nouveauté, même si un léger accent rappellera souvent son attachement, conscient ou inconscient, à sa langue d'origine...
A bientôt,
eMmA