22 Mai 2022
Rediffusion de cette ancienne page, en mémoire de l'artiste Miss.Tic que j'adorais et qui vient de décéder.
Née à Paris le 20 février 1956, morte à Paris le 22 mai 2022.
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Paris m'a toujours émerveillée, mais je reconnais que j'ai encore bien des découvertes à faire.
Aujourd'hui je vous emmène dans un célèbre quartier du 13ème arrondissement, sorte de petit village tranquille niché au coeur de la capitale, la Butte-aux-cailles avec ses rues piétonnes paisibles et ses balcons fleuris.
Butte-aux-cailles, Paris XVIIIème, 23 octobre 2013
© photos eMmA MessanA
Il est vrai que cette petite colline n'a pas toujours fait partie de Paris.
Elle appartenait à la commune de Gentilly et ce n'est qu'en 1860 qu'elle fut annexée à la commune de Paris.
C'est une amie qui y vit depuis vingt ans qui a fait le guide pour moi toute seule il y a une dizaine de jours. Alors, vous pensez, la balade et la découverte n'en ont été que plus agréables.
Il faut savoir que ma copine est toujours de bonne humeur. Je ne l'ai jamais vue en colère ou même renfrognée.
En plus, Mimi est allée jusqu'à donner rendez-vous au soleil et au ciel bleu pour poser une belle lumière sur notre chemin, même si nous avons eu droit aussi à quelques passages de nuages (ils voulaient absolument être sur la photo).
Eglise Sainte-Anne de la Butte-aux-Cailles,
de style romano-byzantin, oeuvre de Prosper Bobin
Il paraît qu'il y a une crypte à visiter, mais la porte semble fermée pour toujours...
En bas de l'escalier sombre qui y menait, on a toqué à la porte, puis on l'a secouée, mais aucun bon esprit ne nous a ouvert.
Et même, pour tout dire, on a fini par détaler car on avait l'impression qu'on y resterait enfermées à jamais...
Je sais, ça fait un peu potache, mais on était contentes de retrouver le soleil à l'extérieur !
Une petite bonne femme aux pieds nus de janaundjs nous y attendait...
... et l'accordéoniste de Jef Aerosol ("la musique adoucit les murs")...
... ainsi que la grosse bête de Philippe Baudelocque en hommage à Moebius...
Passage Sigaud
De la terrasse de son immeuble, on découvre tout Paris.
On a même dégusté des figues qui poussent sur cette terrasse !
Je m'attendais à voir plein de cailles au détour de chaque coin de rue, mais la butte est ainsi nommée en mémoire, non pas du volatile, mais d'un certain Monsieur Caille qui acheta en 1543 un coteau planté de vignes dominant la Bièvre.
J'ai eu la surprise de me retrouver en Alsace, rue Daviel.
Une trentaine de maisons mitoyennes offrent au regard des façades à colombages et des toits pentus.
C'est "la petite Alsace". Ces logements sociaux ont été créés en 1910 par l'architete Jean Walter.
J'ai toujours adoré les cheminées...
Ce coin tranquille qu'est la Butte-aux-Cailles est fortement marqué par les événements de la Commune de 1871.
On retrouve quelques enseignes qui l'évoquent.
C'est donc tout naturellement que nous avons déjeuné, en terrasse tellement il faisait beau, à la S. C. O. P. du bistrot autogéré "Le temps des cerises" (SCOP = société coopérative ouvrière de production).
On vous y tutoie direct et sans ambages et on est tout de suite mis dans l'ambiance joyeuse lorsqu'on lit le panneau à l'entrée : "Coupez vos portables, bordel !" Nous nous sommes sagement et rapidement exécutées...
Nous y avons fait un excellent repas !
C'est à la Butte-aux-Cailles, à l'actuelle Place Paul Verlaine, que le 21 novembre 1783, Pilâtre de Rozier et le Marquis d'Arlandes ont atterri à bord d'une montgolfière de papier alimentée par un feu de paille.
Les habitants du quartier viennent s'approvisionner en eau pure à cette place Paul Verlaine.
Je l'ai fait filer entre mes doigts et l'ai goûtée, recueillie dans la paume de ma main : elle est en effet pure et délicieuse.
Ce geste m'a rappelé celui que, gamines, nous faisions à la fontaine ma soeur et moi à Gentilly, sur le chemin de l'école...
Toujours sur cette place, se trouve la piscine municipale.
Construite en 1922, c'est l'une des plus anciennes piscines de la ville de Paris.
Façade style art nouveau conçue par l'architecte Louis Bonnier.
Il faut vous dire, ma copine Mimi, elle connait tout le monde, elle fait la bise à la gardienne, elle connait bien le meilleur couscous de Paris, a ses entrées dans les bons bistrots, salue tous ses voisins, même les grincheux (vous vous souvenez ? "Jean, Jean !"--> voir ici).
L'un de ses voisins est même académicien (non, non, elle ne demande pas un autographe à Erik Orsenna, mais elle est en train de lui communiquer un contact de ses connaissances du Soleil Levant)...
Voici ce que l'on peut lire sur le mur de ce passage à proximité de cette scène (reflète tout à fait notre état d'esprit bien joyeux de notre journée) :
En fait, le bonheur était bien là, partout autour de nous.
La Butte-aux-Cailles, c'est le royaume des pochoirs, collages et autres peintures murales. Ils font la fierté des habitants du quartier et sont donc peu abîmés.
Je vous ai déjà montré quelques oeuvres de Seth et de Jef Aérosol ici, là et là.
En voici d'autres, de la célèbre Miss.Tic, notamment rue des Cinq Diamants.
Un régal. Qu'en dites-vous ?
Voici comment Miss.Tic se décrit dans son site :
"Je n'avoue pas, je me déclare. Oui, je me suis fait un nom, MISS TIC. Une nuit au pied du mur, j'ai refusé les yeux ouverts ce que d'autres acceptent les yeux fermés. Par provocation, j'ai inventé une fiction au rimmel littéraire et j'ai peint des femmes pour redonner du corps à la langue. Les images des femmes que je représente sont issues des magazines féminins, je les détourne. Je développe une certaine image de la femme, non pas pour la promouvoir, mais pour la questionner. Je fais une sorte d'inventaire des positions féminines . Quelles postures choisissons-nous dans l'existence ? Je ne dessine ni n'écris mon roman personnel. Il s'agit pour moi de prendre position en tant qu'artiste et en tant que femme dans la cité et dans le monde de la création. Créer c'est résister. J'ai résisté à tout sauf à l'amour parfois et à l'humour jamais."
Un peu plus loin, le Passage du Moulinet. Oui, oui, nous sommes bien toujours à Paris...
Juste avant de tourner à l'angle de la rue, Mimi m'a demandé de continuer à marcher en fermant les yeux...
Puis soudain, "Ouvre les yeux !" !
Et voici le spectacle ravissant, plein de charme et inattendu, qui s'est offert à ma vue Square des Peupliers :
Puis, rue Delafoy (tout un programme, comme dirait Mimi...), le voyage continue et moi je suis littéralement subjuguée...
Rue des Glycines...
Allez, pour finir, quelques vues reposantes (Mimi et moi avons beaucoup marché, et vous beaucoup usé de votre patience pour arriver jusque là) du Parc Montsouris, tout proche :
Ca va ? Pas trop épuisés par cette promenade ? Je pourrai revenir ?
Doc, j'espère que je ne t'ai pas trop fait verser de larmes ?
Et surtout, MERCI Mimi !
A bientôt pour une autre promenade, à Paris ou ailleurs !
Contact Syndicat d'initiatives de la Butte-aux-Cailles : http://www.butteauxcailles-paris.info/
© photos eMmA MessanA
Le Temps Des Cerises, Yves Montand
Texte, Jean-Baptiste Clément
Musique, Antoine Renard
Quand nous chanterons le temps des cerises
Et gai rossignol et merle moqueur
Seront tous en fête
Les belles auront la folie en tête
Et les amoureux du soleil au cœur
Quand nous chanterons le temps des cerises
Sifflera bien mieux le merle moqueur
Mais il est bien court le temps des cerises
Où l'on s'en va deux cueillir en rêvant
Des pendants d'oreilles
Cerises d'amour aux robes pareilles
Tombant sous la feuille en gouttes de sang
Mais il est bien court le temps des cerises
Pendants de corail qu'on cueille en rêvant
Quand vous en serez au temps des cerises
Si vous avez peur des chagrins d'amour
Evitez les belles
Moi qui ne crains pas les peines cruelles
Je ne vivrai point sans souffrir un jour
Quand vous en serez au temps des cerises
Vous aurez aussi des peines d'amour
J'aimerai toujours le temps des cerises
C'est de ce temps-là que je garde au cœur
Une plaie ouverte
Et Dame Fortune, en m'étant offerte
Ne pourra jamais fermer ma douleur
J'aimerai toujours le temps des cerises
Et le souvenir que je garde au cœur.
Yves Montand, Le Temps Des Cerises