Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Citation du lundi 7 janvier 2019 Ito Ogawa

Citation du lundi 7 janvier 2019 Ito Ogawa

Sur le plan de travail d'une propreté éclatante, outre les grenades, des oignons et de la viande de boeuf attendaient impatiemment d'être cuisinés.
De la paume de mes mains fraîchement lavées, j'ai délicatement effleuré les aliments. Puis, comme on berce une vie nouvelle à peine éclose, un par un, je les ai pris entre mes mains, les ai portés jusqu'à mon visage et, les yeux clos, j'ai parlé avec eux pendant quelques secondes.
Ce n'était pas quelque chose que l'on m'avait appris et je ne savais d'ailleurs pas exactement quand j'avais commencé à le faire, mais avant de cuisiner, je suivais toujours le même rituel. J'approchais mon visage, mon nez, des aliments, j'écoutais leur "voix". Je les humais, les soupesais, leur demandais comment ils voulaient être cuisinés. Alors, ils m'apprenaient eux-mêmes la meilleure façon de les accomoder.
Ce n'était peut-être qu'une illusion, mais j'entendais bel et bien leur voix ténue. Ensuite, je m'agenouillais en esprit et priais les divinités de la cuisine.

Ito Ogawa (in "Le Restaurant de l'amour retrouvé" p.80 Editions Philippe Piquier poche)

Dans ce beau roman, il n'y a pas un mot de trop, pas une scène anodine.

Tout n'est que grâce, délicatesse et subtilité.

Chacun des gestes de la jeune Rinco sont mobilisés pour procéder dignement à l'acte de cuisiner. Il sont un éloge à la lenteur réfléchie, la minutieuse et organique attention respectueuse à l'autre (humain, animal, végétal), une gourmandise à la fois naturelle et étudiée.

Son silence réceptif (elle a perdu la voix à la suite d'un événement qui l'a profondément marquée), l'accueil unique et extrêmement attentionné qu'elle réserve aux clients de son restaurant qui ne comporte qu'une seule table, le choix minutieux des ingrédients naturels qui composent les plats qu'elle crée avec beaucoup d'humilité mais aussi de l'audace, tout concourt à nous plonger dans l'ambiance d'une quasi cérémonie du bien-manger qui devient alchimie, magie...

L'héroïne élève la cuisine au rang de l'art de nourrir le corps et plus encore, celui de l'âme.

Cuisiner est un émerveillement qui lui permet aussi d'offrir, et de s'offrir, un chemin vers la résilience...

Apres la lecture de ce roman d'Ito Ogawa qui m'a été conseillé par une chère amie, Le Restaurant de l'amour retrouvé, je ne pourrai plus jamais cuisiner comme avant...

Bonnes lectures,

eMmA MessanA

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
C
Quelle belle allégorie du plaisir charnel, à travers la nourriture. les deux sont si proches.<br /> Et avec la délicatesse d'un auteur japonais cela donne quelque chose de très beau et très fort.<br /> Merci pour ce partage eMmA<br /> •.¸¸.•*`*•.¸¸☆
Répondre
E
Oui tout à fait. Ce petit livre est plein de ressources (à peine) cachées.<br /> Tu l'as lu ?<br /> Bises célestes.
G
Merci de nous parler de ce livre qui a l'air très intéressant
Répondre
E
C'est un palsir que de partager des lectures coups de coeur ! J'ai l'intention de poursuivre la découverte de cette auteure.
V
Mmmmm, je note la référence!<br /> Nous sommes quelque part entre les délices de Tokyo et le festin de Babette.<br /> Bises chère Emma.
Répondre
E
Oui Valentine, tu nous donneras tes impressions ?<br /> Je t'embrasse en te souhaitant une journée légère et joyeuse. <br />