12 Mars 2011
Le 23 février 2011, sortait le dernier roman d'Yves Simon (pas celui qui enseigne à Dauphine, mais celui qui habite Place Dauphine) publié pour la première fois chez Stock, La Compagnie des femmes.
Je n'ai jamais raté la publication des écrits d'Yves Simon, aussi celui-ci trône-t-il sur le haut d'une pile respectable.
Le libraire de l'Arbre à Lettres a déposé dans le livre un marque-page avec... des étoiles.
Je crois avoir lu tous les livres d'Yves Simon.
Ils m'ont tous plu et "La Compagnie des femmes" ne déroge pas à la règle.
Celui-ci est un road-movie durant lequel le narrateur, autobiographe, nous emmène revisiter sa carte du Tendre tout en roulant vers la Méditerranée.
Une petite musique du coeur tourne au rythme des roues de sa voiture de collection, dans un même élan, une même ferveur, un même souvenir.
J'ai pris place dans le véhicule.
Même pas eu peur d'être à la place du mort (j'ai quand même bouclé ma ceinture de sécurité !)
J'ai eu l'impression que ce roman faisait la somme de tous les autres, comme un triple voyage intérieur, initiatique et tout de même bien réel.
Cette Compagnie, sorte de compagnie de wagons-lits ou de compagnie aérienne, nous transporte en fait vers un seul Amour, le présent amour, l'amour-cadeau, qui attache l'auteur à sa Compagne.
Au dos du roman :
« A l’instant où il sortait de ma voiture, le vieil autostoppeur que j’avais embarqué à la sortie de Mâcon-Nord se retourna et dit :
- Où allez-vous ?
- Je n’sais pas.
- Comment saurez-vous que vous êtes arrivé ? »
Des phrases, des idées qui m'ont touchée :
p. 73 "Quel point absurde du monde cherche-t-on lorsque l'on s'enfuit de là où on est bien ? Un déséquilibre, une fragilité inexpérimentée, quelque fulgurance inédite ?"
p.182 "J'ai vite compris que la littérature était ta première amante, ta favorite, et si tu aimais traverser la ville en ma compagnie, ce n'était qu'une ombre, sache-le, qui t'accompagnait, ne rêvant que d'une seule chose: que nos corps se nouent, non pour ne faire qu'un, mais pour être deux, la plus belle invention des hommes depuis qu'ils se sont mis à craindre les orages et d'être effrayés par la nuit".
p. 215 "On ne parlera jamais assez de l'extrême jubilation qu'il y a à discourir avec les sentiments du monde, les paysages, avec les accrocs de la vie, ses déflagrations, avec des personnes réelles ou fictionnelles venues traverser, à l'instant de notre désir, les pages improbables d'un roman."
p. 241 "...Encore une chose... Ne t'imagine pas qu'il y a une fois pour toutes les chanceux et les malchanceux. Ce serait une grave erreur de croire à je ne sais quel bon numéro tiré à la naissance. Les chanceux sont ceux qui écoutent, qui regardent, qui tissent des liens avec des inconnus, qui voyagent et s'étonnent, qui ne se découragent pas et persistent quant tout semble résister..."
Et parce que Yves Simon fait partie de mes repères depuis toujours, qu'il soit ou fut un grand voyageur, je reprends ce collage que je vous avait présenté en août 2009, où il nous observe de ses yeux scrutateurs parmi quelques unes de mes idoles...
Paris XIème, août 2009 - N°96 Regards d'icônes
Collage sur papier dessin 24 X 32 cm
Fragments de papiers provenant de magazines
Ce collage N°96, pièce unique, est vendu
Il vit à Boeschepe
et sa famille en sont les fondateurs
Yves Simon, Patrice
Extrait de l'album Rumeurs
Elle dit des mots fragiles
Qui semblent sortir d'une île,
Du volcan apaisé de sa bouche
Quand elle me touche
Elle invente des phrases enflammées
Des postures ensorcelées
Pourtant, quand elle s'endort contre mes reins,
Tout est bien
Elle rêve alors de galaxies,
De comètes alanguies
Elle porte un prénom
De garçon
Elle s'appelle Patrice
Elle est belle et métisse
Elle vient d'un autre continent
Où tout n'est que tourments
Et pourtant
Elle dit des mots fragiles
Qui semblent sortir d'une île,
Du volcan apaisé de sa bouche
Quand elle me touche