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Le ciel et la terre de mon grand-père

             Voici quelques ciels, coquelicots et stalactites que j'ai photographiés en Sardaigne.

 Tous les ciels, tous les coquelicots et toutes les grottes de la terre se ressemblent me direz-vous ?
Je suis d'accord et c'est très bien comme ça.
Mais là, c'est le ciel que mon grand-père Sauveur contemplait au-dessus de sa tête, les coquelicots qu'il admirait à ses pieds et les profondeurs de la terre qu'il aurait pu découvrir à Buggerru il y a longtemps déjà.
Et pour l'accompagner, voici
Una storia, texte que j'avais écrit il y a quelque temps lorsque j'avais commencé mes recherches pour étoffer mon arbre généalogique.

Cette histoire vaut aussi pour mon grand-père Pierre dont les ciels et les coquelicots avaient toutes les chances d'être similaires à Alcamo en Sicile, pour ma grand-mère Angelica de Reggio de Calabre et ma grand-mère Marie dont le père venait de Malte.

Ils ont tous en commun cette Storia...
Ils me parlent souvent, je les écoute toujours.

eMmA MessanA

Ciel Fluminimaggiore.

Ciel Gonnosfanadiga. Sardaigne

Coqueliquots

Coqueliquots. Sardaigne, mai 2007

Sous la terre de mes ancêtres

Stalactites. Arbus, Sardaigne.

© photos et texte eMmA MessanA

                                         Una storia   

Je voudrais bien me reposer sur des souvenirs de famille,

Sous le feuillage ombragé de mon arbre généalogique,

Mais il lui manque tant de branches et tant de feuilles

Que c’est comme si les quelques lettres de mon patronyme

Aux consonances germaniques incongrues

S’effaçaient pour peu à peu se réduire en poussière.

La terre de mes ancêtres,

Ce ne sont que trois petites îles

Perdues entre la Tyrrhénienne et la Méditerranée,

Eblouissantes de soleil et d’orgueil,

Là où les femmes sont brunes et portent au cou

Des petites croix d’or en priant la Madone à genoux,

Là où les hommes tout-puissants n’ont guère la taille haute.

Peuple d’aventuriers cherchant d’autres limites en des horizons plus lointains,

Un jour, ils sont partis

Entre azur et océan, jusqu’au Cap Bon,

Poussés par la faim et un fol idéal

Conduisant à la terre mystique des contes arabes.

La passion cognait dans leurs cœurs généreux et pleins d’espoir.

Le fier courage gonflait le torse des hommes,

Et la bienveillance de leurs femmes leur tenait lieu d’espoir

Pour offrir un avenir empli de promesses à leurs nombreux enfants.

La simplicité vraie était leur seule richesse et toute leur belle noblesse.

Dans la journée, le labeur en plein air était dur

Et le soleil impitoyable brûlait un peu plus leur peau déjà sombre,

Mais ils avaient la foi et le désir fou de reconstruire leur vie.
Ils apprenaient une autre langue,

Un autre langage fait de mille et une salutations exagérées,

Mais jamais ils n’oubliaient leurs pères.

Leur nouveau paysage était fait de sable et d’oliviers,

De maisons blanches et bleues au carrelage frais.

La nuit avait des parfums de thé au jasmin

A l’heure où le muezzin appelait pour la cinquième fois

Leurs voisins à prier Allah.

Les miens restaient fidèles à leur Dieu et à tous ses Saints.

Ces exilés volontaires, c’est à la France d’Afrique que désormais

Ils attachaient leur identité.

Pourtant le dimanche, ils se réunissaient tous

Pour parler du temps d’avant en partageant la pasta.

Puis un jour, ils sont repartis vers d’autres terres,

Le cœur un peu amer.

Ils ont perdu un peu plus leurs racines,

Mélangé encore leur sang.

Louis a fondé une famille à Los Angeles,

Joseph s’est installé à Melbourne,

Arthur a vieilli à Marseille,

Marie a froid à Forbach,

Seule, Ernestine est demeurée à Tunis.

Les miens ont fait un détour par cette île démesurée

Où plus rien ne nous ressemblait.

Moi, pour honorer mes ancêtres, je suis née au soleil un jour de plein été.

Mais il me reste bien peu de leur long exil :

Quelques clichés usés,

Un vague sentiment d’insécurité,

Un penchant pour les siestes à l’ombre, les persiennes entrebâillées,

Un corps qui a hérité de formes pleines et méditerranéennes,

Une violence, une fougue, une impatience,

Une passion de tous les instants heureux ou malheureux.

C’est ici que je vis pourtant.

Bien sûr, j’aime caresser les tapis d’orient,

Et l’on vient volontiers partager mes spaghetti

Parfumés à l’huile d’olive.

Bien sûr, je ne peux pas nier que je crains le froid,

Que la mer m’attire,

Qu’elle m’invite à partir et à revenir

Vers mes patries originelles.

Aujourd’hui après tout ce temps, l’arbre que par ma fenêtre j’admire

et qui grandit en même temps que mon fils,

c’est le doux pommier de Normandie.

Pour lui, je veux une histoire solide et enracinée.

Alors, si parfois je repars sur les pas de mes ancêtres,

A la recherche de cet autre Arbre,

C’est pour lui transmettre toute la richesse de ceux-là

Qui sans même le connaître

L’ont aimé et ont permis que demain,

Il adhère à leurs valeurs

Et continue à dérouler le ruban de notre vie.

***

L'Italien, Serge Reggiani

Texte, Jean-Loup Dabadie

Musique, Jacques Datin

C’est moi, c’est l’Italien
Est-ce qu’il y a quelqu’un
Est-ce qu’il y a quelqu’une ?
D’ici j’entends le chien
Et si tu n’es pas morte

Ouvre-moi sans rancune
Je rentre un peu tard je sais
18 ans de retard c’est vrai
Mais j’ai trouvé mes allumettes
Dans une rue du Massachussetts
Il est fatiguant le voyage
Pour un enfant de mon âge

Ouvre-moi, ouvre-moi la porte
Io non ne posso proprio più
Se ci sei, aprimi la porta
Non sai come è stato laggiù

Je reviens au logis
J’ai fait tous les métiers
Voleur, équilibriste
Maréchal des logis
Comédien, braconnier
Empereur et pianiste
J’ai connu des femmes, oui mais
Je joue bien mal aux dames, tu sais
Du temps que j’étais chercheur d’or
Elles m’ont tout pris, j’en pleure encore
Là-dessus le temps est passé
Quand j’avais le dos tourné

Ouvre-moi, ouvre-moi la porte
Io non ne posso proprio più
Se ci sei, aprimi la porta
Diro come è stato laggiù

C’est moi, c’est l’Italien
Je reviens de si loin
La route était mauvaise
Et tant d’années après
Tant de chagrins après
Je rêve d’une chaise
Ouvre, tu es là, je sais
Je suis tellement las, tu sais
Il ne me reste qu’une chance
C’est que tu n’aies pas eu ta chance
Mais ce n’est plus le même chien
Et la lumière s’éteint

Ouvrez-moi, ouvrez une porte
Io non ne posso proprio più
Se ci siete, aprite una porta
Diro come è stato laggiù

Serge Reggiani site officiel : link

Pour retrouver d'autres chansons de Serge Reggiani dans la playlist d'eMmA, cliquez sur le titre d'une note :

Combien de temps ?

Le séducteur de la rue St Antoine

"Le temps c'est comme ton pain, gardes-en pour demain"

Soleil sur gazon

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