29 Octobre 2010
Ces jours derniers, disposant d'un peu plus de temps que d'habitude, je m'offre le luxe quotidien de plusieurs heures de lecture d'affilée, dans un silence absolu...
Pour cela, j'ai ouvert le plus gros livre parmi les trois derniers que je m'étais offerts et que je peinais à ouvrir, faute de disponibilité.
© eMmAcollages
Ces livres trônent autour d'une très belle théière que j'avais commandée à Anne pour l'anniversaire de ma soeur et qui fait désormais son régal à Gap.
Pour ma part, ce sont plutôt des tasses de tisane dont je m'abreuve en lisant le magnifique témoignage d'Ingrid Betancourt, Même le silence a une fin.
Dans ce long récit sur ses six ans et demi de captivité dans l'hostilité de la jungle colombienne aux mains des FARC, point de révélations choc ou de règlements de compte.
L'ex-otage, dans une très belle écriture, en langue française, en nous livrant son témoignage poignant et empli de réserve, nous conduit, nous ses lecteurs, à travers la jungle colombienne, mais également à travers la jungle de son propre cheminement vers une certaine forme de libération, celle du rétablissement de sa vérité.
Voici la fin de la note de l'auteur, reproduite à quelques pages de la fin du livre édité chez Gallimard et sorti il y a quelques semaines :
"(...) Ce livre m'obligeait à plonger profondément et de façon intense en moi-même et dans mon passé, pour faire remonter du fond abyssal de mes souvenirs un flot d'émotions incontrôlables. Le français me donna la distance et la maîtrise nécessaires pour communiquer ce que je sentais et ce que j'avais vécu.
Quant au titre du livre, il vint naturellement. Les vers de Neruda que mon père me récitait m'avaient accompagnée, ainsi que sa voix, tout au long de ma captivité. Au plus près de la mort, ce furent ces vers qui m'aidèrent à rétablir le dialogue intérieur sans lequel j'aurais perdu la conscience d'être encore vivante. "Même le silence a une fin" est un des derniers vers du poème Pour tous de Pablo Neruda."
Je reprends ivi le collage que m'avait inspiré sa libération en juillet 2008.
A présent, je souhaite que sa libération soit une vraie double réalité pour Ingrid Betancourt.
A bientôt,
© eMmA MessanA
Villasimius (Sardaigne), juillet 2008 - N°9 Hommage à Ingrid Betancourt
Collage sur papier dessin 24 X 32 cm
Pablo Mon Ami, Jean Ferrat
Texte de Louis Aragon
Pablo mon ami qu'avons-nous permis
L'ombre devant nous s'allonge s'allonge
Qu'avons-nous permis Pablo mon ami
Pablo mon ami nos songes nos songes
Nous sommes les gens de la nuit qui portons le soleil en route
Il nous brûle au profond de l'être
Nous avons marché dans le noir à ne plus sentir nos genoux
Sans atteindre le monde à naître
Pablo mon ami qu'avons-nous permis
L'ombre devant nous s'allonge s'allonge
Qu'avons-nous permis Pablo mon ami
Pablo mon ami nos songes nos songes
Je connais ce souffrir de tout qui donne bouche de tourment
Amère comme aubépine
A tous les mots à tous les cris à tous les pas les errements
Où l'âme un moment se devine
Pablo mon ami qu'avons-nous permis
L'ombre devant nous s'allonge s'allonge
Qu'avons-nous permis Pablo mon ami
Pablo mon ami nos songes nos songes
Pablo mon ami tu disais avec ce langage angoissant
Où se font paroles étranges
N'est large espace que douleur et n'est univers que de sang
Si loin que j'aille rien n'y change
Pablo mon ami qu'avons-nous permis
L'ombre devant nous s'allonge s'allonge
Qu'avons-nous permis Pablo mon ami
Pablo mon ami nos songes nos songes
Pablo mon ami le temps passe et déjà s'effacent nos voix
On n'entend plus même un cœur battre
Tout n'était-il que ce qu'il fut tout n'était-il que ce qu'on voit
Tout n'était-il que ce théâtre
Pablo mon ami qu'avons-nous permis
L'ombre devant nous s'allonge s'allonge
Qu'avons-nous permis Pablo mon ami
Pablo mon ami nos songes nos songes
Pour retrouver d'autres chansons de Jean Ferrat dans la playlist d' un clic sur ces titres :
"Notre vocation commune est la liberté"
Un an après Bashung, départ de Jean Ferrat
Site Jean Ferrat : link