25 Juillet 2017
Cette fois, il ne me reste plus du tout de colliers.
Un très grand merci à vous tous qui avez fait cette bonne action en achetant des colliers vendus au profit intégral d'Apres School) !
Plus bas, vous pouvez lire leur histoire singulière.
La prochaine fois que je retourne à Pondichéry, j'en rapporterai à nouveau tout un lot.
Recevez toute ma gratitude,
eMmA MessanA
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Colliers artisanaux (vente au profit intégral d'Apres School). Photo 2 JM : Rheka et eMmA, la maman de Rheka et un acheteur Canadien rencontré au cours de notre conversation
Au cours de notre récent voyage à Pondichéry lié à Apres School, nous n'avons pas cherché à retrouver notre première filleule Bhuvana, ni même Devayani notre deuxième filleule, toutes deux parties au bout de deux ou trois ans de fréquentation de l'école.
Nous l'avions fait il y a trois ans, et nous gardons un excellent souvenir de nos émouvantes retrouvailles avec Bhuvana (revoir ici).
En fait, nous n'en avons pas eu vraiment le temps, ou peut-être avons-nous plutôt décidé, consciemment ou non, de ne pas nous focaliser sur ce point assez délicat du départ prématuré d'un enfant de l'école. Le tourbillon dans lequel nous étions pour mener à bien notre mission a fait que nous nous sommes exclusivement concentrés sur le présent des enfants actuellement sur place, sans oublier le passé, mais en l'intégrant et en respectant le choix des parents.
D'une certaine manière, ce passé, nous avons pu le croiser et même l'intégrer dans notre action d'aujourd'hui. En voici l'anecdote :
En circulant et en arpentant quotidiennement les rues de Pondichéry afin de réaliser tous les achats dont nous avions besoin pour l'école, je demeurais attentive en me disant que nous pourrions croiser un visage connu parmi les vendeurs des rues très présents. Comme vous le savez, les enfants très miséreux qui sont éduqués au sein d'Apres School, proviennent de la communauté Adivasi semi-nomade des chasseurs Narikurovars (quelques explications sur ces primo-habitants de l'Inde, si vous le souhaitez en reliant cette page ici). Nous avions eu l'occasion d'aller à leur rencontre sur leur lieu de vie (de survie) dans le bidonville de Lawspet notamment. Au fil du temps, nous savons donc les reconnaître de plus en plus aisément.
Alors, lorsque nous avons repéré dans Pondi des vendeurs de colliers en verroterie montés sur fil de cuivre, nous savions que nous avions affaire à cette communauté d'Adivasis. Je voulais racheter un lot des colliers comme je le fais à chacune de nos visites à Pondichéry.
Un matin, nous nous sommes approchés d'un vendeur qui a immédiatement commencé son petit couplet très limité pour vendre son artisanat. "Hello, hello, joli, nice, pas cher"). Et moi de répondre "Narikurovar ?"
Si vous aviez vu son air incrédule et sa joie de savoir que nous pouvions connaître sa communauté de rejetés parmi les plus plus rejetés, les sous-castes, les mendiants !
J'ai prononcé le mot d'Apres School et alors, un large sourire a illuminé son visage. J'ai cité, Kovaisarala, Bhuvana, et d'autres noms. Il nous en a cité d'autres...
Janvier 2017, Mani, le chasseur Narikurovar, qui pour survivre vend le micro-artisanat de sa communauté
Nous avons raconté à Mani, le vendeur des rues, notre visite chez lui d'il y a trois ans, et il nous a fièrement fait savoir qu'il était chasseur. Devant lui et ses compagnons, j'ai alors sorti quelques photos que je gardais dans mon sac à dos en anticipant et même en espérant cette sorte de contact. Lorsqu'il a reconnu les siens et son univers, la joie toute de réserve qu'il a manifestée était palpable. Un homme maîtrisant l'anglais et le tamoul, s'est approché de notre petit groupe, et nous a servi d'interprète. Mani nous a donné des nouvelles des petites que nous connaissions et qui depuis sont devenues des grandes, pour certaines déjà mamans.
Puis, nous lui avons acheté une vingtaine de petits colliers et lui avons offert quelques photos de Lawspet que j'avais apportées.
Mani a voulu que l'on prenne des photos de lui et nous ensemble posant devant les colliers. Nous l'avons fait, les avons fait imprimer pour les lui offrir quelques jours plus tard. Il les a prises avec beaucoup de gratitude et les serrait fort dans ses mains comme un trésor avant que l'on se quitte... jusqu'à une prochaine hypothétique rencontre.
Rue Dupleix à Pondichéry, janvier 2017, eMmA (qui porte l'un des colliers) aux côtés de Mani, le vendeur des rues
Quelques jours plus tard, le même scénario s'est répété lorsque nous avons croisé une femme et sa jeune fille vendant les fameux colliers. Cette fois, le visage de la jeune fille me disait quelque chose.
Alors, j'ai à nouveau sorti quelques photos et la jeune fille, très timide, s'est reconnue sur l'une où elle figurait aux côtés de notre première filleule Bhuvana, toutes deux souriantes et complices en mars 2010.
Il s'agissait de Rheka qui, à l'évocation d'Apres School, a pris un air bien nostalgique en nous disant très bien se souvenir de l'école de son enfance et "I remember Karina".
Je me suis empressée d'envoyer un mail à Karine pour lui faire part de notre rencontre et des mots de Rheka, ainsi que cette photo que nous avons prise de notre petite vendeuse des rues tenant dans ses mains la photo souvenir évoquée.
Karine, éducatrice durant plusieurs années à Apres School, en a été bouleversée. A la faveur de cet échange par mail, nous avons appris que nous n'habitons pas loin les uns des autres, aussi nous nous sommes rencontrés à Nantes depuis. Ce fut la fête d'évoquer l'école et les enfants !
Pondichéry, janvier 2017. Rekha la jeune vendeuse des rues tenant une photo prise à Apres School où elle était scolarisée en 2010, et sa maman
Bien évidemment, nous avons offert la photo à Rekha et avons acquis un nouveau lot de petits colliers. Elles nous ont donné des nouvelles des anciennes de l'école qui ont confirmé celles transmises par Mani.
Ce fut une bonne affaire pour ces dames, car des touristes Canadiens de passage, ayant assisté à nos échanges ont eux aussi acheté des colliers...
Ces rencontres nous ont permis de rappeler qu'il est important de laisser les enfants aller à l'école le plus longtemps possible. La maman de Rekha en était consciente et elle était fière de nous dire qu'elle savait que certaines filles d'Apres School poursuivent leur scolarité au collège. Je ne sais pas ce qu'en pensait vraiment Rekha...
A bientôt,
JM & eMmA MessanA