Barbara, on ne sait plus qui est qui

     Je suis revenue toute tourneboulée du film de Mathieu Amalric, Barbara.

En y allant, j'avais quelques craintes. J'avais peur que l'on nous serve un biopic entrant frauduleusement dans l'intimité de cette grande chanteuse, cette incroyable femme dont le grand public ne connait qu'un pan de la vie. Car, nous disent ceux qui la connaissaient dans la vraie vie, elle était d'une grande générosité, elle était très drôle, et elle aimait le tricot... 

Mathieu Amalric a choisi de faire un film sur un metteur en scène qui prépare un film sur Barbara.  La voilà la bonne idée car ainsi, on se perd en assistant au puzzle emmêlé d'une Jeanne Balibar-Barbara, comme dans un rêve éveillé-endormi d'une icône tout à fait présente-absente, proche-inaccessible, femme-enfant, blessée-libre, simple-capricieuse, perpétuellement dans la pénombre-chercheuse de lumière...

Qui est qui ?

On est embarqué dans ce film et aussi incroyable que cela puisse paraître on ne sait plus bien parfois qui chante de Jeanne ou de Barbara, qui danse, qui est au piano, qui sourit, qui frémit à la vie.

On se perd dans les méandres de la création d'un film, d'une chanson, d'un destin.

Et puis, il y a un moment de lâcher prise où on ne veut presque plus savoir qui est qui. On assiste juste à cet hommage magnifique, à ce pari fou d'un metteur en scène dont on sent bien qu'il s'interroge et visite son propre lien à l'univers à part d'une icône et d'une façon plus large, à la création.

Amalric joue son rôle de réalisateur, mais aussi d'admirateur dont l'actrice, ou le souvenir incarné de la chanteuse, le laisse incrédule, émerveillé jusqu'aux larmes.

J'ai beaucoup aimé ce film singulier et j'ai été très impressionnée par le jeu extraordinaire de Jeanne Balibar qui est parfaite dans ce rôle de Brigitte (l'actrice)/Barbara pour lequel j'espère bien qu'elle recevra un César.

Les images de Christophe Beaucarne sont d'une grande qualité et ajoute à la poésie du film.

J'ai aussi aimé le beau générique très lisible et original, j'ai vibré à l'accordéon de Vincent Peirani en Roland Romanelli.

Je n'ai malheureusement jamais assisté à l'un des concerts de Barbara. C'est un mystère pour moi...

A bientôt,

eMmA MessanA