29 Juillet 2023
Pour la 18e séance de rencontre-dédicaces de l'année, je me trouvais donc au Super U de Saint-Gilles-Croix-de-Vie de 9h30 à 18h30.
Je n'y étais pas vraiment attendue, car on m'avait oubliée : "Vous savez, si je ne note pas..." (Ben oui moi je suis un peu pareil, sans agenda je ne vaux plus rien...).
L'oubli fut vite réparé et une table mise à ma disposition, bien en évidence à l'entrée du magasin.
A côté de moi un grand présentoir affichait un beau slogan, "Passez un été émerveillé !".
Je me suis prise à rêver qu'il pouvait s'appliquer à ma journée, d'autant que je recevais de très nombreux messages d'encouragement, notamment via mes contacts Facebook...
La jolie formule consacrée dans ces moments-là, "Je te souhaite de belles rencontres", s'est révélée prémonitoire car j'ai en effet eu la chance de m'entretenir avec des clients du magasin (Gillocruciens, Vendéens et vacanciers venant de plus loin dans les Pays de la Loire et de la Région parisienne) enclins à passer un peu de temps autour de mes livres.
Je me suis aussi amusée lorsqu'un petit Arthur a craqué pour Et toi, c'est quoi ta couleur ? Nous portions quasi la même paire de lunettes, les mêmes vêtements (jean et haut rayé marin) ! Il était tellement fier avec sa dédicace. Sa maman a immortalisé l'instant...
J'ai été très intéressée par la conversation emplie de signes que j'ai eu avec Catherine Perette, fondatrice de Eau-Céans, qui a collaboré avec le Professeur Alain Couté au Muséum National d'Histoire Naturelle.
Juste avant c'est une personne qui avait fait sa carrière au Musée du Louvre avec laquelle je discutais !
J'ai eu la surprise de d'échanger avec la belle-maman de l'illustrateur Yvan Duque dont j'avais admiré le travail pour le magnifique album jeunesse Comme un géant de Marc Daniau.
Ce livre a reçu le Prix Lire et faire lire 2022 et les enfants auxquels je lis des histoires à l'école de ma commune en tant que bénévole Lire et faire lire avaient justement plebiscité ce livre dans le cadre de ce prix associé au Printemps des poètes !
Je salue la confiance de nombreuses visiteuses qui m'ont offert leurs confidences, voire leurs confesssions, et souvent leurs larmes d'émotion. C'est avec avec une touchante sincérité qu'elles m'ont fait part de leurs souvenirs, craintes pour l'avenir ou difficultés à assumer dans leurs vies d'aujourd'hui et leurs peurs pour demain (chère madame qui craignez pour la vie de votre époux...) !
J'ai été interpellée par cette femme qui observe qu'il est difficile de trouver de la littérature jeunesse traitant du sujet de la mort d'un être jeune, citant le cas de ses petits enfants ayant perdu leur père par suicide.
Ce n'est pas la première fois que l'on évoque ce quasi vide dans ce domaine auprès de moi au cours de mes séances de dédicaces. Je comprends ce besoin et suis particulièrement sensible à ce sujet, tentant désespérement depuis plus d'un an de faire éditer un album traitant de la mort, et de la transmission...
J'ai aussi ressenti beaucoup de gratitude envers ces personnes qui affichent au quotidien un grand sourire optimiste et toutefois parfaitement lucide, coûte que coûte.
Comme pratiquement à chaque séance, ce sont en très grande majorité les femmes qui lisent, aiment lire, font lire. Ces messieurs me disent souvent, "je vous enverrai ma femme", "attendez, j'appelle mon épouse!", "moi je ne lis pas"...
J'aime beaucoup cette pensée de Etty Hillesum " Un être humain doit être assez sociable pour ne pas imposer aux autres ses humeurs", pourtant..
J'ai plutôt l'habitude de ne pas me plaindre (la devise britannique délicate et polie "Never explain, never complain" pourrait aussi être la mienne), je vais pourtant vous relater cette anecdote :
Pratiquement à chaque séance, un monsieur me lance d'un air goguenard "Je ne sais pas lire !" (toujours des hommes). Ce fut le cas hier : un client du magasin que je n'avais même pas vu car j'étais en pleine conversation avec deux dames s'est permis de nous interrompre pour me le dire.
Jusque là, je trouvais cela presque drôle comme façon de ne pas donner suite à mon souhait de présenter mes livres, mais là, je ne l'avais même pas invité à m'écouer !
A présent, je dois avouer que je ne supporte plus du tout cette remarque qui sous couvert d'humour tend à rabaisser les auteurs que nous sommes.
Je le dis et le redis, on a parfaitement le droit de ne pas souhaiter entendre parler de mes livres, les acheter, les offrir. Mais où est l'intérêt de ridiculiser sciemment la personne qui s'échine des heures durant à faire connaître son travail ?
On peut poliment exprimer le fait de ne pas être intéressé. A quoi sert cet humour qui à mes yeux n'en est pas, car être illettré, voire analphabète ne me semble pas être propice au rire ni même au sourire ? Je suis bien convaincue que les personnes qui ne savent réellement pas lire en sont bien tristes et bien embêtées durant une multitude de situations au quotidien.
Je ne laisserai donc plus jamais passer cette remarque, convaincue que je me dois d'agir si ce n'est pour moi, du moins par solidarité avec les autres auteurs qui subissent ce type de remarques stériles.
Vous pensez peut-être que l'intervention de ce monsieur ne portait pas vraiment à conséquence et qu'il fallait juste l'ignorer ? Peut-être était-ce la fatigue, mais hier la moutarde m'est montée au nez et surtout m'a fortement peinée. Ce monsieur a gâché le reste de ma journée et heureusement que celle-ci était bien entammée. Je suis même certaine qu'il a dû poursuivre son manège en chambrant aussi la caissière car ce type d'individus n'a pas de limites et se croit spirituel en faisant ce qu'il considère être de l'humour partout où il passe.
Depuis, après une mauvaise nuit à ruminer, je sais que la prochaine fois je garderai mon calme et rétorquerai tout simplement qu'il ne devrait pas se vanter de ne pas savoir lire, que la lecture est un cadeau de la vie, et que je l'invite à se rapprocher au plus vite de l'une ou l'autre des nombreuses associations qui oeuvrent pour l'alphabétisation dans notre pays !
Je ne suis pas en colère, mais vraiment navrée par de pareils comportements.
Mes journées de dédicaces sont pour moi une fête du partage, même si bien sûr, l'objectif est tout de même de faire connaître avec enthousiasme et acharnement mon travail et ainsi élargir mon lectorat en parlant de mon expérience d'auteure jeunesse et poésie.
J'ai d'ailleurs fini ma journée, comme pratiquement à chaque fois, quasi aphone.
Hier j'ai tout de même eu le bonheur de dédicacer