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Autant en emporte la brume, Eiko Hanamura

   Autant en emporte la brume de Eiko Hanamura (traduction, Jean Tarse) aux éditions Akata (collection Héritages) est ma première lecture de manga
Pensez donc, jusqu'à présent, j'ignorais même qu'un manga se lit de droite à gauche et de haut en bas, c'est vous dire le degré de mon ignorance en la matière !


   Passé le premier léger inconfort, je me suis rapidement faite à ce type de lecture...

   Le manga s'ouvre sur la vie d'une famille heureuse résidant dans une banlieue chic de Tokyo.
Le papa, Ichijô, est aimant envers son épouse et son enfant, mais il est peu présent car il s'absente régulièrement pour gérer ses affaires florissantes.
La maman, Yûko, s'occupe de la maisonnée. Très rapidement on sent une certaine mélancolie dans son attitude. Un fort trouble la tourmente et l'empêche d'être pleinement heureuse ("Je voudrais tellement oublier ce jour qui m'a fait tant souffrir... mais mon coeur me ramène contre mon gré vers le passé...").
Leur fille, Natsuko est une adorable fillette, débordant d'énergie, joyeuse, spontanée. Elle est choyée par ses parents. 

   A la faveur d'un voyage en hiver à Hokkaïdo, nous apprenons que la maman porte un lourd secret...
A l'époque où elle s'est mariée avec le riche Ichijô, elle a décidé de rompre avec Enoki, son amant bien aimé. Ce mariage était le seul moyen de garantir un moyen de subsistance à sa famille (parents et fratrie) très pauvre.
Fort heureusement, son couple fut très heureux et une petite fille, Rika, vint ajouter encore plus de joie dans leur foyer. Mais quelque temps plus tard, l'enfant leur fut enlevée, mystérieusement kidnapée.  
Rapidement, Ichijô et Yûko adoptent Natsuko. Ils ne lui révèlent rien de leur première fille kidnapée ni même qu'elle-même a été adoptée. 
   Pourtant, Natsuko, si vive, fine et intelligente, va ressentir à l'adolescence qu'il manque quelques pièces au puzzle de son identité...
   Ce qui est beau, c'est que c'est au travers (!) d'une scène importante du roman graphique que Natsuko va enclencher un processus d'éveil, puis de résilience. Cette scène se passe à Hokkaïdo, île réputée pour ses brumes.
Ce thème romantique nous dit toute l'épaisseur, mais aussi l'évanescence du mystère des sentiments liés à l'amour/la jalousie, le pardon/la vengeance, la joie/la tristesse, mais aussi toute l'ambivalence entre la richesse/la pauvreté, l'homme/la femme, la présence/l'absence, la dépendance/la liberté, le souvenir/le présent... 
La brume, le brouillard sont aussi une métaphore poétique qui nimbe le sujet central de la quête d'identité de nombreux questionnements autour de la paternité/maternité biologique ou non. Pour finir, c'est l'amour qui gagne toujours, famille recomposée ou pas.
Il est aussi souvent question d'accablement, même de suicide, face à des événements ou des situations impossibles à gérer ou pour lesquels les pesonnages peinent à trouver une solution.

   L'ouvrage se termine avec des explications quant à ce qui est considéré comme le chef-d'oeuvre d'Eiko Hanamura, mangaka et illustratrice japonaise décédée il y a trois ans à l'âge de 91 ans. 
Elle fut très influencée et inspirée par la peinture lyrique.

   Autant en emporte la brume a été publié dans les années soixante, sous forme de feuilleton dans un magzine pour filles, mais pas dans son intégralité. 
Il a ensuite été adapté en 1975 pour une série télé, remportant un vif succès. Le générique, Ano hi ni kaeritai de Yumi Arai en est devenu un tube archi connu. 
Ce n'est qu'avec cette collection Héritages chez Akata qu'une version intégrale de ce manga est proposée aux lecteurs.

   Je ne vous cache pas que cette oeuvre mélodramatique est tellement loin de ce que je lis habituellement que j'ai eu bien du mal à accrocher à ce récit truffé de sentiments exacerbés exprimés avec grandiloquence.
J'imagine bien que ce lyrisme est le propre de ce type d'écrits, mais les aventures et rebondissements vécus par les personnages sont tellement invraisemblabes et irréalsites que j'ai eu parfois un mal fou à poursuivre ma lecture.

   En revanche, j'ai été très admirative devant les si nombreuses illustrations (notamment l'esthétisme des arbres et en particulier, les bouleux). Je me suis amusée à voir comment les yeux des jeunes filles sont représentés tout étoilés d'immenses cils scintillants pour exprimer des sentiments amoureux ou de joie, de bonheur, ou de mélancolie...

   Pour résumer, j'ai aimé découvrir un genre qui m'est tout à fait inconnu, j'ai apprécié les illustrations qui servent admirablement la narration, mais les trop nombreuses invraisemblances vécues par les personnages m'ont ennuyée... Je reste toutefois intriguée par ce genre et curieuse de lire d'autres mangas, à l'occasion. 
 
   Je remercie vivement Babelio (opération Masse Critique), ainsi que les éditions Akata pour leur confiance. Cela m'a permis de lire ce livre qui a allumé l'intecelle de ma curiosité vers l'univers des mangas.


    A bientôt pour d'autres lectures,
   eMmA MessanA

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L
Bonjour ! J'ai pensé à vous en écoutant cette émission. Si vous ne l'avez pas entendue, je suis sûre (?) que vous allez aimer !..... je vous ai trouvé courageuse d'aborder cette expression littéraire. Moi le faire ? Pourquoi pas !!<br /> <br /> https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/france-culture-va-plus-loin-le-samedi/le-prince-genji-les-portes-d-un-japon-millenaire-et-meconnu-1529120
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E
Oh je vous remercie beaucoup, votre partage m'a beaucoup intéressée. Si j'habitais Paris, je me rendrais à l'expo en cours au Musée Guimet !<br /> La lecture de ce roman de la poétesse Murasaki Shikibu me tente, mais les 1300 pages me rebutent...<br /> Merci encore et bon dimanche à vous.
M
Tu m'as bien fait rire mais je ne me moque pas pour autant car il faut s'habituer au sens de lecture. Bien entendu manga veut dire tout simplement BD. Seul le format du coup permet de différencier les deux. Ayant travaillé avec des jeunes ados toute ma carrière c'est donc un genre de lecture que j'ai été "obligée" de découvrir ! Et maintenant j'en lis pour partager de bons moments avec mes petits-enfants...Bises et une belle journée
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E
Comme tu vois, Manou, toute une éducation à refaire ! Les découvertes en matière de lecture sont vraiment inépuisables...<br /> J'espère avoir le bonheur de connaître l'adolescence de mon petit-fils !<br /> Je t'embrasse en te souhaitant une bonne et souriante journée.<br />
D
Je n'ai jamais lu de manga, et j'ignorais tout de cette lecture inversée. Un manga qui doit certainement beaucoup plaire aux adolescents les situations invraisemblables ne les perturbent pas du tout ! Merci pour cette très belle chronique, il faudra un jour que je me lance dans ce genre de lecture.<br /> Je suis contente de te relire après ma pause, je te renouvelle tous mes voeux pour cette nouvelle année.<br /> Très belle journée.<br /> bises
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E
Oui Danièle, c'est tellement riche de varier ses connaissances et donc ses lectures. Je n'ai pas d'ado autour de moi et je lis chaque semaine à des petits de grande section et CP dans le cadre de mon bénévolat pour l'association Lire et faire lire...<br /> A nouveau une belle année pour toi.<br /> Passe une excellente journée.