25 Février 2025
Je viens de lire avec intérêt Renouer avec le vivant (sous titre, Tout commence au jardin) qui est un livre écrit par l'ingénieur écologue Aymeric Lazarin.
Il est publié par la Scop terre vivante.
Bien qu'ayant la grande chance de disposer d'un jardin, je demeure une indécrottable citadine et une absolue néophyte en matière de jardinage (mais je me soigne en m'émerveillant souvent devant les miracles qui y surviennent !).
J'ai donc, dans un premier temps, un peu craint de ne pas être capable de bien appréhender les différentes notions développées dans ce court livre. Mais celui-ci est d'un abord facile et la lecture en est fluide et très intéressante.
Bien sûr, il est toujours possible de développer ou approfondir ses connaissances en allant plus loin grâce aux multiples notes indiquées sur pratiquement toutes les pages, aux nombreuses citations qui font référence et aussi grâce à la bibliographie en fin d'ouvrage.
Il me semble donc que ce livre s'adresse à tous dès lors que l'on possède un bout de jardin, un balcon, ou des rêves de jardin où l'on peut contribuer à respecter et magnifier le vivant en mettant ses mains dans la terre !
Le livre est agréablement illustré en bleu et vert, je suppose par l'auteur car il n'y a pas d'indication particulière à ce sujet.
D'ailleurs, l'ensemble est bicolore : la couleur de la police d'écriture est bleue et des encarts "en pratique" mettant l'accent sur certains points sont écrits en vert.
Ce guide pratique nous invite à "reconstruire des relations saines avec la nature, avec le monde du vivant, mais aussi avec nous-mêmes, (grâce) au jardin, un outil précieux".
L'auteur nous rappelle que le bout de jardin que l'on possède est en réalité une petite parcelle de la terre qui nous est momentanément prêtée et que l'on se doit de la chérir en préservant sa biodiversité.
C'est une chance inestimable mais qui nous oblige au respect, à l'humilité et au partage.
Apprenons aux enfants à être curieux ! (...) Ce n'est pas de la maltraitance que de les amener dormir en forêt, de les faire marcher dans la boue et de les regarder se piquer les doigts sur des orties. C'est tout l'inverse ! Pour moi, la maltraitance réside plutôt dans la privation de ce lien à la terre, dans le fait de ne pas apprendre aux enfants à tisser cette relation avec les autres formes de vie, avec le monde qui les entoure et qui les fait. Ils doivent être capables de le comprendre et de rester connectés à lui.
L'auteur nous montre aussi les merveilleux liens que l'on peut tisser avec son jardin qui devient non seulement un refuge, mais aussi une porte ouverte vers un soin du corps et de l'esprit.
Cet ouvrage m'a paru didactique, ludique dans sa présentation, jamais moralisateur.
C'est un plaidoyer pour la pratique au quotidien et à notre petite échelle du maintien de la biodiversité. En y contribuant, elle a la vertu de s'inscrire dans celle de l'humanité entière et ce, dans la durée.
Aymeric Lazarin nous apprend à reconsidérer nos envies et attentes vis-à-vis de notre jardin. Il met en garde contre cette mode consistant à vouloir à tout prix créer un jardin d'agrément artificiellement agencé (acheté sur catalogue !) sans tenir compte des essences et végétaux locaux, en éliminant de façon drastique les herbes dites "mauvaises".
Ceci conduit la plupart du temps à la déception de constater que l'acclimatation ne se fait pas et que l'on prive son morceau de terre de ses éléments naturels indispensables à sa survie. C'est ainsi qu'insectes, oiseaux et autres êtres vivants désertent un écosystème devenu hostile.
Connaissez-vous l'histoire du rossignol ? (...) (Elle) raconte qu'un homme, qui l'avait capturé et mis en cage pour profiter de son chant, avait éteint sa joie de vivre. Une fois en captivité, le joyeux luron plumé ne chantait plus. Pire, son plumage se ternit et s'abîma. Il se laissait mourir, lentement. Son regard devint triste et son attitude prostrée. Face à cet oiseau silencieux et mourant, l'homme, déçu de l'aspect et du silence de son "oiseau d'ornement" fut contraint de le relâcher. En quelques jours seulement, le rossignol se remit à annoncer les belles journées ensoleillées.
En quête de sens, jardiner prend une dimension philosophique ce qui peut nous amener à réfléchir sur notre condition d'humain balloté entre la vie, la mort et quelles que soient nos croyances, au-delà de cette mort peut-être "provisoire".
Au jardin, l'échelle du temps prend une autre dimension. Les stades biologiques s'enchaînent et même les plus longs d'entre eux peuvent paraître éphémères aux yeux de l'humain pressé et distrait. Pourtant, la vie prend ici tout son sens et la mort revêt soudain toute son importance. N'est-elle pas simplement la fin d'un cycle ? On peut s'émouvoir d'une fleur qui fane, sèche, se décolore et se dégrade jusqu'à disparaître totalement - excepté dans nos souvenirs. Certes, cette fleur n'existera plus, mais on peut mesurer le privilège d'avoir partagé un bout de chemin.
Je remercie beaucoup Babelio Masse Critique ainsi que la Scop terre vivante pour leur confiance et leur offre que j'ai vraiment beaucoup appréciée. Sans eux, je ne pense pas que je serais allée vers cette lecture pourtant si riche et qui m'a fait renouer avec le désir et la joie de remettre les mains dans la terre, un peu comme un enfant, mais avec plus de sagesse à présent que ces notions développées par l'auteur sont présentes à mon esprit.
S'il vous reste du temps et que vous en avez l'envie, écoutez Souchon demandant pardon à la nature...
A bientôt, pour d'autres lectures.
eMmA MessanA
Alain Souchon, Pardon
Auteur, Alain Souchon
Compositeur, Laurent Voulzy
Extrait de l'album Au ras des pâquerettes (1999)
Oh libellules si délicates
Oh les mésanges petites pattes
Gentil coquelicot pardon chardon
Et le noble ver de terre pardon
Le jour se rêve dans l'aubépine
Les enfants
Chevreuils lancés au-dessus des fleurs
Chaudes perdrix au tout petit cœur
Écureuils renards pardon vipère
Pardon la pluie pardon la terre
Le jour se rêve dans la nature
Les enfants le vent les aime
Le vent les aime
Pardon
On embête les bêtes avec des poudres
Avec le DTT et le sulfate de soude
Pardon
En regardant le temps passer dans la rivière
On voit des métaux lourds et du sulfate de fer
Pardon pardon
On gêne l'oxygène matière première
On a troué l'éther et on perd de l'air
Pardon pardon
Pour la côte d'Azur excusez-nous
Pour la côte d'Azur
Pardon pardon
Précieux muguet beau citron jaune
Pardon la flore pardon la faune
Le jour se rêve sur les légumes
Les enfants sur le bitume
Terre jolie terre notre mère volante
Avec nous dans le ciel et les étoiles filantes
Pardon pardon
Collines fatiguées plaines plates
Pleurez votre peine de nitrates
Pardon pardon
Pour cette flotte de plastique bleue
Qui prend la mer pour des millénaires
Pardon
Terre jolie terre notre mère volante
Avec nous dans le ciel et les étoiles filantes
Pardon pardon
Terre jolie terre notre mère volante
Avec nous dans le ciel et les étoiles filantes
Pardon