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Alain Mascaro, Je suis la sterne et le renard

Björk, Losss

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Je suis la sterne et le renard, d'Alain Mascaro aux éditions Flammarion.

 

Fallait-il encore croire au pouvoir des fables ? Continuer à raconter des histoires pour tenter de corriger les travers, les défauts de jugement ? Peut-être. Elle le faisait en tout cas, avec courage même, puisqu'elle affrontait régulièrement la chaleur humide des fermes et des skali pour prendre la parole. Elle essuyait souvent les sarcasmes de ceux qui ne voyaient pas en quoi ils abîmaient le land, et encore moins pourquoi il aurait fallu respecter le territoire du phoque, du renard, de la perdrix et de tout ce qui vivait, en quoi surtout il aurait fallu dire merci pour tout ce qu'on prenait à la terre, alors que la terre était faite pour qu'on s'en serve, pour qu'on s'en serve sans compter.

Alain Mascaro (in "Je suis la sterne et le renard", éd. Flammarion p. 163)

   J'avais déjà été subjuguée par le premier roman d'Alain Mascaro, Avant que le monde ne se ferme : voir ici
Je suis donc allée vers Je suis la sterne et le renard, roman publié chez Flammarion les yeux fermés, si je puis dire.

Attends, je te raconte.

   Je suis sortie de la lecture du livre écrit par ce fabuleux conteur qu'est Alain Mascaro, complètement émerveillée, bouleversée, tourneboulée, ébahie, envoûtée, fort émue, comme tatouée...
Il faut dire qu'avant tout ce que j'aime dans une lecture, et ce depuis l'enfance, c'est que l'on me fasse réfléchir certes, mais en me faisant rêver tout en me racontant une histoire, une belle, une forte, une dont je me souviens longtemps et qui dès lors, me devient éternelle. 

Attends, je te raconte.

   J'ai été comblée car les douces pages de ce livre ressemblent un ruban de soie qui se déroule et s'enroule autour du coeur et des poignets, nous entraînant d'histoires en contes, suivies d'autres contes et d'autres fables.

   Voilà que sont brodées des légendes sur fond de mousse et de feu qui se mêlent et s'entremêlent autour d'un choeur de femmes, une saga d'Islandaises simples et prodigieuses à la fois, aux prises avec leur destin où le comportement des hommes éveille leur conscience et leur profond désir de liberté et de respect pour la Vie, véritable ode à la Femme. 

Attends, je te raconte

   J'ai volé sur le dos de la sterne, j'ai caressé le doux pelage du renard, j'ai porté le collier aux perles bleues d'Aana, parlé aux pierres, j'ai même voyagé aux Pays de Dùin, moi qui n'ai jamais fumé de ma vie mais qui pourtant ai si souvent cru aux illusions.
J'ai pris le temps d'apprendre auprès d'Alfey la guérisseuse, passionnément, intensément.
J'ai senti ma rage et les muscles de mes bras se gonfler en battant le fer aux côtés d'Alfheidr la forgeronne. 
J'ai dormi parmi les saxifrages sous la lumière des étoiles, bravant le froid extrême alors que je suis si frileuse depuis que je sais bien que des dragons peuvent naître d'un volcan pour cracher leur feu et profaner celles qui jamais n'en guériront. C'est comme ça.
J'ai senti deux coeurs battre auprès du mien le temps d'une gestation.
J'ai pleuré avec Hlökk recevant son premier cadeau de papier.
J'ai regardé le monde avec les yeux vairons d'Alfrun.
Aurais-je osé me baigner nue dans le lac dont le nom n'est pas pour tes oreilles ?
Et puis, j'ai demandé à Aam la brodeuse l'autorisation de coudre sur du papier une aurore boréale née de mes doigts malhabiles une nuit en Vendée... 

Les Collages d'eMmA MessanA, carte cousue main "rendez-vous boréal" (11 x 15 cm). Pièce unique © eMmA MessanA

Les Collages d'eMmA MessanA, carte cousue main "rendez-vous boréal" (11 x 15 cm). Pièce unique © eMmA MessanA

   Attends, je te raconte pas, car il te faut lire toi-même ce beau livre.
A toi, il racontera sans doute une autre magie que celle que j'y ai lue. La tienne ?
 
 J'ai dû vraiment me faire violence pour en sortir tant j'étais incroyablement bien parmi mes soeurs voulant briser les chaînes d'un esclavage millénaire...

 Merci Monsieur Mascaro, vous savez traduire la langue des signes de l'âme et de sa poésie, de celle qui illumine la mémoire du Vivant. 

Celles qui soignent sont souvent celles qui ont été blessées.

Alain Mascaro (in "Je suis la sterne et le renard", éd. Flammarion p. 131)

La douleur des autres nous échappe lorsque nous sommes tout occupés à la nôtre.

Alain Mascaro (in "Je suis la sterne et le renard", éd. Flammarion p. 147)

Il se mit à pleurer pour la première fois de son existence. "Bienheureux les hommes qui pleurent, car leur douleur est bue par la terre, et le sel de leurs larmes rejoint celui des mers", dit un vieil adage du pays de Vatn.

Alain Mascaro (in "Je suis la sterne et le renard", éd. Flammarion p. 195)

  A bientôt pour d'autres brèves de lectures.
  eMmA Messan

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L
Vos mots attirent et donnent envie de le lire<br /> Merci, bisous<br /> +
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E
Fais-toi plaisir Armelle. Merci pour ta réaction et ton intérêt pour cette oeuvre magnifique.<br /> Je t'embrasse (ta commande est partie jeudi vers toi).