10 Décembre 2022
Lang Lang, Nourrir Les Petits Oiseaux (de Mary Poppins) - Extrait de The Disney Book
Le premier roman d'Etienne Kern, Les envolés aux éditions Gallimard fait partie des cinq romans sélectionnés pour le Prix du Gois par les bibliothèques non loin de chez moi, en Vendée, celles de Barbâtre, Beauvoir-sur-Mer, Bouin, l'Epine, La Guérinière, Le Vieil et Saint-Gervais (cette dernière étant la médiathèque que je fréquente, j'y exposais mes collages il y a un an).
C'est ainsi que je suis venue à la lecture de ce roman qui a déjà reçu le Prix Goncourt du premier roman, ainsi que le Grand Prix Littéraire de l'Aéro-Club de France.
J'ai le plaisir de participer à ce prix local, le Prix du Gois, simplement en lisant les cinq romans sélectionnés et en votant pour mon préféré.
Je viens de finir Les envolés. C'est un court roman assez singulier dans sa forme, car l'auteur y mêle son histoire personnelle en évoquant avec subtilité les siens, disparus.
Avec une écriture sobre et poétique il relate le poignant et original parcours d'un homme qui tente coûte que coûte de croire en son rêve le plus fou. En filigrane, la Tour Eiffel est un "personnage" à part entière qui, à mon sens, fait partie de l'architecture de ce roman.
En 1900, Frantz Reichelt arrive à Paris depuis son Autriche-Hongrie. Il est tailleur pour dames, s'accroche pour s'intrégrer et vivre une vie décente, mais une passion va vite le dévorer, portée par une autre passion que je ne vais pas dévoiler ici.
Il avait les yeux clairs, presque gris, ceux d'un rêveur.
Ses larges moustaches se relevaient curieusement quand il souriait. Sa voix, profonde, avec des accents rauques, était capable d'une grande tendresse.
Il avait gardé de ses premières années en France l'habitude de s'exprimer avec lenteur. Quand il butait sur un mot, il masquait sa gêne derrière un sourire timide, hanté par la peur d'être jugé, méprisé. Il parlait toujours à voix basse.
Frantz devient inventeur et veut parvenir à créer le premier parachute afin que les aviateurs mis en danger dans leurs aéroplanes puissent s'en extraire et être sauvés en cas d'accident.
Hélas comme beaucoup de pionniers, il ne verra pas de son vivant la réussite de son incroyable invention...
J'ai aimé ce roman pour plusieurs raisons, la première c'est que j'ai toujours eu un petit faible pour les formats courts qui ont la capacité d'accomplir le tour de force de littéralement vous embarquer dans un autre monde en quelques pages seulement.
J'ai apprécié découvrir l'histoire de cet homme-chauve-souris à la vie trop brève dont j'ignorais tout jusqu'à ce jour.
Par ailleurs, j'ai vraiment ressenti la tendresse que l'auteur porte aux protagonistes de cette histoire nostalgique et peu banale.
J'ai été touchée par la douceur et la poésie qui émaillent sa belle écriture qui nous mène inexorablement vers la fin tragique de ses personnages liés de près ou de plus loin à celui qui laissera, presque anonymement, son empreinte dans le monde de l'aviation. Après tout, n'avons-nous pas encore des hommes qui se prennent pour des oiseaux ?
A ses pieds, tout contre lui, soigneusement replié dans une valise, le parachute était là.
Il avait réussi. Katarina avait raison, la grange n'était pas bien haute, il fallait recommencer, poursuivre les essais. Mais il avait réussi. Tout serait différent désormais.
Il regardait sa montre. Il arriverait bientôt.
Il se rapprochait d'Emma.
Il lui révélerait tout.
Et en pensant à elle, il revivait l'instant, cet abandon total, ce moment à nul autre pareil durant lequel il s'était senti à mi-chemin du ciel et de la terre.
Deux autres raisons plus personnelles m'attachent indicrectement à ce livre.
La première est liée à mon père (mon Prix Nobel à moi). Dans un autre domaine que celui de l'aviation, au cours de mon enfance et ma jeunesse, je l'ai toujours vu au milieu de ses plans, ses calculs et ses expériences, travaillant avec acharnement et passion sur de nouveaux prototypes qui, dès le début des années 60, lui permettaient de faire rouler sa voiture sans essence, mais juste avec une goutte d'eau !
La seconde, c'est que Etienne Kern a fréquenté le même Lycée Fustel de Coulanges à Strasbourg que mon fils Florent (promo "Humanités" qui avait précédé celle de Flo)...
Vous l'aurez compris, je vous recommande chaleureusement de vous laisser illuminer par ces Envolés d'une grande élégance d'esprit...
Les cinq romans sélectionnés pour le Prix du Gois du 1er novembre 2022 au 30 avril 2023 sont :
Le loup des Ardents, de Noémie Adenis ; Oublier les fleurs sauvages, de Céline Bertz ; Les envolés, d'Etienne Kern ; Avant que le mondene se ferme, d'Alain Mascaro ; Blizzard (que j'avais lu et fort apprécié il ya plusieurs mois) de Marie Vingtras.
A bientôt !
eMmA MessanA
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