12 Janvier 2014
Yves Duteil, Avoir Et Etre
Paroles et musique, Yves Duteil
Extrait de l'album Sans Attendre (Editions de l'Ecritoire, 2001)
Vous pouvez en retrouver les paroles tout à la fin de cette page.
Moi, j'ai eu la chance d'y être, au Trinanon.
Toi, si tu ne l'as pas eue, tu n'es pas chanceux, alors je t'invite à découvrir mon petit, tout petit reportage :
11 jan 2014, Yves Duteil, qui fête ses 40 ans de carrière, était visiblement très heureux et ému de nous présenter le vendredi 10 janvier 2014 au Trianon son nouveau spectacle Flagrant Délice dont la création avait été retardée après une année 2013 délicate.
Dès son entrée seul sur scène avec l'instrumental, L'Ame De Fond, il nous a exprimé cette joie d'être là avec nous.
Le ton était posé et le public était prêt à communier avec l'artiste.
Le spectacle fut un vrai délice à bien des égards.
Les lumières magiques et pleines d'une originale fantaisie avaient été confiées à Julien Bony.
Elles étaient faites de rais tombant comme de minces rideaux de laser impulsant une douce énergie entre les différents "tableaux".
Des carrés de couleurs me faisaient penser à des pupitres dont les partitions de musique s'éclairaient de formes géométriques dorées ou colorées comme pour inventer un nouveau solfège.
Ces lumières feutrées ont nimbé la scène d'une sorte de quiétude, accompagnant et respectant la douceur et la profondeur des textes du chanteur et en favorisant une intimité palpable entre le public et les artistes.
C'était très beau et très réussi.
Oui mais voilà, la photographe plus qu'amateur que je suis est au désespoir car je ne peux pas répondre à l'attente que certains d'entre vous m'avaient formulée.
J'ai dû détruire la plupart des photos que j'ai prises, la technique de prise de vues cumulant des conditions d'ambiance lumineuse très contrastée avec des sujets en mouvement (tout ça sans l'utilisation d'un trépied) dépassant largement mes compétences techniques.
Je n'ai donc que très peu de photos à vous montrer et leur netteté est des plus approximatives.
J'en suis vraiment désolée et je comprends que je dois vraiment songer à aller à l'école des amateurs de photos, car je suis tout à fait dans le flou !
© photos (ratées) eMmA MessanA (sauf la dernière qui est de Florent Arjol Condé)
La mise en scène de Néry dont on avait déjà pu apprécier le talent durant les concerts du Déjazet, nous a un moment embarqués dans une sorte de ronde folle qu'Yves et ses musiciens ont présentée avec malice sur la chanson Avoir et Etre.
La belle énergie et la joie sautillante de leurs retrouvailles de potaches était communicative ("Paul et Mick ... Victor" )
Aux complices de la dernière tournée (fr)agiles, Angelo Zurzulo (piano et mélodica) et Gilles Bioteau (contrebasse et guitare), se sont joints Bertrand Commère aux guitares et banjo, ainsi que Philippe Nadal au violoncelle.
Les nouveaux arrangements nous ont réservé de très belles surprises et c'est comme si chaque chanson, des plus classiques aux plus récentes, était une (re)découverte.
Nous avions le souffle suspendu, un peu déroutés à chaque intro, l'oreille et la mémoire en éveil pour découvrir comment l'inventivité et la maestria des musiciens avaient magnifié telle ou telle chanson dont on pensait connaître chaque note.
Car oui, nous connaissons tout le répertoire d'Yves !
Pourtant, il y a une chanson que nous ne connaissions pas du tout.
Ce fut la surprise et visiblement Yves jubilait de partager ce moment de complicité avec ses musiciens. Une bossa où il était question de Vivre En Argentine.
Comme l'a dit Frédéric Zeitoun ce samedi matin durant l'émission Télématin, "ils ont oublié d'être manchots !"
Entre l'évocation de son grand oncle avec la chanson Dreyfus et La Chanson Des Justes, j'ai particulièrement apprécié qu'Yves s'exprime avec conviction sur sa désolation que l'antisémitisme soit à nouveau d'actualité dans notre société.
Durant des moments plus légers, Yves a évoqué ses retrouvailles cinquante ans après avec sa maîtresse de CP, nous a demandé de faire du calcul mental, nous a autorisés à filmer avec nos téléphones portables lorsqu'il a chanté Je T'MMS.
Voici donc ce que ça donne avec mon smartphone (pas du tout de dernière génération, donc, là aussi, le résultat est très approximatif et qu'est-ce que j'ai pu galérer pour l'inclure ici !!) :
A propos d'exercice de calcul et en ce qui concerne mon petit jeu lancé la veille du concert (mon top 10), j'obtiens la note de 8 sur 10 (il n'y a que J'Attends et La Statue D'Ivoire qui n'ont pas fait partie du tour de chant).
Voici donc dans l'ordre les 22 chansons qu'Yves a interprétées après son entrée avec l'instrumental L'Ame De Fond :
Et Si La Clé Etait Ailleurs
Prendre Un Enfant
Madame Sevilla
Apprendre
Avoir Et Etre
Le Temps Presse
Le Mur De La Prison D'En Face (ah, le piano seul d'Yves, puis le final ponctué du merveilleux mélodica de Zurzulo !)
Fragile
Pour Que Tu Ne Meures Pas (pour ces deux derniers titres, piano seul à nouveau et l'émotion incarnée par les cordes du violoncelle de Nadal qui donnent la chair de poule !)
Virages (ici les cordes du violoncelle nous vrillent littéralement les nerfs en allant jusqu'à la dissonance pour ce qui m'a semblé figurer la tension nerveuse liée aux kilomètres avalés sous la pluie sur l'autoroute). La chanson que j'ai préférée !
Le Souffle Court
Secrets de Famille
Naître
Si J'Etais Ton Chemin
Mélancolie (le public chante)
Dreyfus
La Chanson Des Justes
Argentine, chanson inédite écrite pour son ami Bruno dans les années soixante-dix, dont voici les paroles :
"Vivre En Argentine
Vivre en Argentine
Ou bien vivoter à Paris
Coupe tes racines
Et trouve ton vrai Paradis
Au-delà de l’eau
Se trouve un pays merveilleux
Ton bateau t’attend, ton bateau t’appelle
Et tu pleures un peu
Quand tu perds le port des yeux
Mais quand le soleil de l’eau fait de l’or
Un morceau de toi est mort...
Même en Argentine
On ne peut oublier Paris
Ce qu’on imagine
N’est pas toujours vrai dans la vie
Du delà de l’eau
Ton pays devient merveilleux
Avec son ciel gris, avec son ciel mauve
Et tu pleures un peu
Mais quand tu fermes les yeux
Tu revois sur fond de brume et de pluie
Un coin de bistrot, un ami
Un morceau de toi revit."
Si J'Entrais Dans Ton Coeur
Je T'MMS
Flagrant Délice
La Langue De Chez Nous (rappel). Chanson reprise en choeur par le public.
Yves Duteil a longtemps été ovationné.
Il nous a ouvert son coeur en nous lançant un "Je vous aime !" auquel la salle a répondu par un vibrant "Nous aussi !"
A l'issue du concert et alors même que celui-ci avait duré plus de deux heures, Yves Duteil, toujours proche et respectueux de son public, a eu la grande gentillesse de venir à sa rencontre comme il le fait à chaque fois pour échanger quelques mots et patiemment dédicacer un livre, une affiche, un CD ou un billet du concert.
Dans le hall du théâtre, c'était une belle ambiance de fête où les gens, réunis dans une même admiration pour l'artiste, qui ne se connaissaient pas deux heures plus tôt, se parlaient simplement.
Certains expliquaient qu'ils reviendraient le lendemain pour assister au concert (je me demande d'ailleurs, à l'heure où je finis cette note, alors que le concert de samedi se termine certainement, si celui-ci a été identique à celui auquel nous avons assisté).
J'ai rencontré une jolie petite fille sage aux longs et doux cheveux blonds (le sosie de Boucle d'Or) accompagnée de sa maman qui nous a dit avoir écouté Yves Duteil pour la première fois au même âge que sa petite Marie. Elle nous a dit caresser l'espoir que ce concert l'incitera à grandir en appréciant les belles chansons.
Nous avons eu un rapide échange avec Gilles Bioteau, notamment Flo (mon musicien à moi), pour lui dire combien nous apprécions son merveilleux accompagnement.
C'est avec plaisir que j'ai rencontré des personnes venues de Liège, des Pays-Bas, de Blois, avec lesquelles je converse sur le Blog A Part, des personnes rencontrées sur facebook ou qui me font l'honneur de visiter mon blog, souvent de façon anonyme, mais qui se sont manifestées auprès de moi ce soir-là.
J'ai également retrouvé Rachel et Michèle, rencontré Viviane, Nicole et sa soeur jumelle Martine, Carola, Hélène, Roseline et Josiane.
Nous avons pensé à ceux qui ne pouvaient être parmi nous et leur avons envoyé par la pensée nos sensations faites de sérénité et de fraternité.
J'ai également eu le plaisir de bavarder avec Noëlle notamment au sujet d'APRES SCHOOL...
J'ai même récupéré le livre des enfants d'APRES SCHOOL que j'avais commandés.
Pour nous retrouver parmi la foule, notre signe de ralliement était la plume (en clin d'oeil à celle des Editions de l'Ecritoire).
Chacune avait décliné sa vision toute personnelle du port de la plume...
Bijou pour Hélène :
Chic et coordonnée à sa tenue pour Nicole :
En boucles d'oreilles arrivant de chez les Micmacs pour eMmA :
Ce fut une très belle soirée et c'est sûr que nous n'avons pas été à l'abri du meilleur !
Bravo et merci Yves. Trop, trop bien.
Bonne tournée avec ce très beau Flagrant Délice où ta belle sensibilité et ta passion pour ton métier, ton public et ta Noëlle font chaud au coeur !
A bientôt,
eMmA MessanA
Pour retrouver d'autres chansons d'Yves Duteil dans la playlist d'eMmA MessanA, suivre ce lien : http://www.emmacollages.com/pages/Playlist_Yves_Duteil-6419310.html
Le Blog A Part d'Yves Duteil : lien
Yves Duteil sur facebook : link
Yves Duteil sur twitter : link
15 jan 2014 : voir le propre éclairage d'Yves Duteil sur ses deux concerts des 10 et 11 janvier 2014 dans son Blog A Part (suivre ce lien : Il était deux fois... Le Trianon)
Trop contente que Flo, de retour du Pakistan, ait pu venir au concert d'Yves. Ce fut une première appréciée pour lui.
Loin des vieux livres de grammaire
Écoutez comment un beau soir
Ma mère m'enseigna les mystères
Du verbe être et du verbe avoir...
Parmi mes meilleurs auxiliaires
Il est deux verbes originaux
Avoir et Être étaient deux frères
Que j'ai connus dès le berceau
Bien qu'opposés de caractères
On pouvait les croire jumeaux
Tant leur histoire est singulière
Mais ces deux frères étaient rivaux
Ce qu'Avoir aurait voulu être
Être voulait toujours l'avoir
À ne vouloir ni dieu ni maître
Le verbe Être s'est fait avoir
Son frère Avoir était en banque
Et faisait un grand numéro
Alors qu'Être, toujours en manque
Souffrait beaucoup dans son ego
Alors qu'Être toujours en manque
Souffrait beaucoup dans son ego
Pendant qu'Être apprenait à lire
Et faisait ses humanités
De son côté sans rien lui dire
Avoir apprenait à compter
Et il amassait des fortunes
En avoirs, en liquidités
Pendant qu'Être, un peu dans la lune
S'était laissé déposséder
Avoir était ostentatoire
Dès qu'il se montrait généreux
Être en revanche, et c'est notoire
Est bien souvent présomptueux
Avoir voyage en classe Affaires
Il met tous ses titres à l'abri
Alors qu'Être est plus débonnaire
Il ne gardera rien pour lui
Alors qu'Être est plus débonnaire
Il ne gardera rien pour lui
Sa richesse est tout intérieure
Ce sont les choses de l'esprit
Le verbe Être est tout en pudeur
Et sa noblesse est à ce prix...
Un jour à force de chimères
Pour parvenir à un accord
Entre verbes ça peut se faire
Ils conjuguèrent leurs efforts
Et pour ne pas perdre la face
Au milieu des mots rassemblés
Ils se sont répartis les tâches
Pour enfin se réconcilier
Le verbe Avoir a besoin d'Être
Parce qu'être c'est exister
Le verbe Être a besoin d'avoirs
Pour enrichir ses bons côtés
Et de palabres interminables
En arguties alambiquées
Nos deux frères inséparables
Ont pu être et avoir été
Et de palabres interminables
En arguties alambiquées
Nos deux frères inséparables
Ont pu être et avoir été.