18 Décembre 2011
Dans une récente note, je vous avais dit mon impatience d'aller applaudir Eric-Emmanuel Schmitt à la Salle Gaveau pour le "concert-théâtre", Ma vie avec Mozart.
Ce concert est l'adaptation au théatre de son récit autobiographique, Ma vie avec Mozart, publié chez Albin Michel en 2005.
Ce livre est accompagné d'un CD qui reprend 16 airs de Mozart.
Comme Oscar et la dame rose, ce livre va me marquer très longtemps !
Je vous livre ici quelques images et impressions, mais elles sont forcément réductrices, incomplètes, partiales.
Vraiment, lisez ce livre essentiel, je vous le recommande vivement.
Vous en sortirez un peu plus en accord avec la vie et remercierez Mozart de nous guider vers plus de beauté et de gratitude envers notre existence.
© photos eMmA MessanA
Le programme du concert s'ouvre avec cette note de scène par l'auteur :
"Quand on aime, on a envie de tout vivre deux fois : une fois pour expérimenter, une fois pour partager. Mozart, je voudrais l'offrir à chacun".
Tout d'abord, voici la scène toute parée, prête à accueillir les artistes.
C'est un moment suspendu que je ne raterais pour rien au monde car à mon sens, il fait entièrement partie du programme.
En coulisses, derrière le rideau, ça bruisse, ça se concentre, ça s'inquiète...
J'ai même aperçu à travers la transparence du joli panneau sur la scène, la silhouette reconnaissable de l'auteur-interprète. Il doit se demander, "Sont-ils bien venus ? Aimeront-ils ? Sont-ils bienveillants ?..."
Le coeur un peu serré, le public et les artistes sont à l'unisson dans cette attente, dans ce futur échange entre don de soi et accueil de l'autre, avec Mozart au milieu...
J'aime aussi énormément entendre la sorte de cacophonie des instrumentistes qui tâtonnent en s'accordant ou bien qui répètent une dernière fois telles ou telles mesures difficiles.
Eric-Emmanuel Schmitt incarne son propre rôle sur scène.
Julien Alluguette, comédien, est son double, jeune. Peu à peu il rejoint l'homme d'âge mûr interprêté par Monsieur Schmitt.
Il nous montre comment EES rencontre à quinze ans Mozart et comment au fil des ans, alternant osmose et mise en veille, de rendez-vous en coïncidences, le musicien génial peu à peu guide la vie de l'écrivain tout en le fascinant et le transformant.
Une magnifique complicité qui guide vers l'unicité de l'Humain à la découverte de soi, vers la profondeur de l'humanité, au travers de la musique de Mozart.
Ce spectacle est donc un cheminement dans la vie en même temps qu'une initation à la musique de Mozart.
La jeunesse de Chérubin découvrant ses premiers émois.
"Cher Mozart,
Merci de m'avoir envoyé mon portrait.
Malheureusement, je m'y suis reconnu.
J'ai dix-huit ans et je me découvre guère plus avancé que ton Chérubin qui en a moins."
(Ed. Albin Michel 2005, p. 28)
"Cher Mozart,
Un chanteur de variétés, émerveillé par lui-même et le succès de ses chansonnettes, disait hier à la télévision en flattant son piano laqué blanc : "J'écris avec les mêmes notes que Mozart."
J'espère que tu en as ri autant que moi, puis que cela t'a fait réfléchir tant l'imbecillité touche parfois au génie. Oui, le chanteur peroxydé, au brushing aussi volumineux que son cerveau doit être exigu, soulignait un point essentiel : il ne compose qu'avec sept notes, comme toi.
Seulement, chez lui, ça s'entend..."
(Ed. Albin Michel 2005, p. 90)
Admirez les couleurs chaudes et dorées, comme un alcazar !
"L'esprit d'enfance vient avec les années.
Comme toi, en tant qu'auteur, je ne me suis montré capable d'écrire des histoires dont les héros sont des enfants qu'une fois passé mes trente-cinq ans...
A quoi cela tient-il ?
Sans doute faut-il beaucoup de maîtrise et d'abandon pour oser la simplicité. On doit renoncer à épater les pédants, les demi-érudits, tous ces personnages érigés en juges qui ne discernent que si une complexe sophistication l'encombre, qui détectent l'intelligence au fait que quelque chose leur échappe et qui repèrent le génie à l'inavouable ennui qu'ils éprouvent. (...)"
(Ed. Albin Michel 2005, p. 122)
Moment de profond recueillement, quasi religieux, universel.
"Mozart, je t'aime. Et lorsque je dis Mozart, je ne dis pas ton nom, je désigne le ciel, les nuages, le sourire d'un enfant, les yeux des chats, le visage des gens que j'adore ; ton nom devient un code chiffré qui renvoie à ce qui est digne d'affection, d'admiration, d'étonnement, à ce qui bouleverse et pince le coeur, toute la beauté du monde.
Je suis passé dans le parti de la vie. Il faut tant de temps pour être simple.
Je t'embrasse.
P.-S. : Un jour, je m'éteindrai à mon tour.
Qu'est-ce que tu me conseilles, comme musique, pour ce moment-là ? Jette un oeil dans ton répertoire, s'il-te-plaît, et fais-moi une suggestion. Je ne souhaite ni un air triste ni un morceau pompeux, et je me demande bien ce qui conviendrait."
(Ed. Albin Michel 2005, p. 157)
Les merveilleux et sensibles artistes qui nous enchantés, sont Perrine Madoeuf (soprane) et Patrice Berger (baryton) .
Serein, ému, heureux, l'artiste salue ses compagnons de scène, vecteurs d'une musique et de sentiments d'exception...
L'Orchestre symphonique Confluences et le Choeur les Compères étaient sous la direction de Philippe Fournier.
Un grand moment d'harmonie et de perfection.
Ce concert magique a laissé beaucoup d'émotion dans nos coeurs, à l'instar des larmes qui coulaient des yeux du jeune comédien, Julien Alluguette.
© photos eMmA MessanA
Merci Monsieur Schmitt.
Merci Mozart.
eMmA MessanA
La note qui accompagne l'un de mes collages, L'ombre au costume, est également associée à Mozart. Pour la relier, un clic sur la vignette :
Pour d'autres notes dans lesquelles Eric-Emmanuel Schmitt est évoqué dans ce blog, relier les titres suivants :
A la plus grande librairie de Paris, E-E S
Comme un pont - Invitation à la lecture du tag
Livre ouvert.... livre à ouvrir # 6. Eric-Emmanuel Schmitt
Les Noces de Figaro, Air de Barerine, W. A. Mozart
Nikolaus Harnoncourt
L’ho perduta, me meschina! (je l’ai perdue, pauvre de moi!)
Ah chi sa dove sarà? (Ah, qui sait où est-ce qu’elle peut bien être?)
Non la trovo. L’ho perduta. (Je ne la trouve pas. Je l’ai perdue)
Meschinella! (Misérable moi! )
E mia cugina? E il padron, (Et ma cousine, et le patron)
cosa dirà? (Que vont-ils dire?)